Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/331

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eu quelque influence dans l’objet, si elle n’étoit répandue sur tous les points de la France, si elle n’étoit environnée de toute la confiance du gouvernement. Il faut enfin que dans ce corps on trouve des hommes qui aient pour cette tâche une vocation naturelle, c’est-à-dire, le goût du cheval et une certaine habitude d’administrer.

Or, l’énoncé de ces conditions a suffisamment montré qu’elles se trouvent dans la légion d’honneur. Il importe donc encore au bien public que la légion d’honneur entretienne des haras à son compte. Il y auroit aussi sous l’influence du ministère, une administration des haras, composée, par exemple, d’un commissaire des haras, de trois ou quatre inspecteurs, et de deux ou trois cents visiteurs.

La légion d’honneur auroit simplement son commissaire des haras et ses trois ou quatre inspecteurs.

Le ministère et la légion d’honneur formeroient un nombre d’établissemens de haras suffisant pour entretenir de part et d’autre deux cents étalons et deux cent cinquante jumens environ ; ce qui feroit les cinq cents étalons qui, joints aux sept cents ou mille répartis, formeroient les douze ou quinze cents dont nous avons parlé.

Il y auroit un conseil des haras composé des deux commissaires et des six ou huit inspecteurs. Ce seroit sur la proposition de ce conseil que le ministère et le grand conseil de la légion d’honneur arrêteroient les lieux où les établissemens devroient être formés, et la quantité d’étalons et de jumens qu’on entretiendroit dans chacun, suivant les localités. Les règlement d’exécution et de détails seroient arrêtés par le ministère et par le grand conseil, chacun pour la partie qui le concerne.

$. III. Croisement : Expériences. Les croisemens et les expériences ne seroient exécutés que dans les établissemens appartenant à l’administration. Les productions qui en résulteroient ne seroient consacrées à la génération, dans les haras des particuliers, qu’après que les avantages eu auroient été bien constatés.

Le premier but de l’administration seroit de conserver la race de chaque pays, et de l’améliorer par des alliances entre les plus beaux animaux de cette même race.

Cependant les chevaux arabes sont les premiers chevaux du monde pour la finesse, l’énergie, l’intelligence, la docilité. Tout le monde est d’accord que c’est la race par excellence pour améliorer les chevaux de selle. C’est par des animaux de cette race, importés au temps des Croisades, que nos chevaux limousins, normands, navarrains, etc., ont reçu un degré de perfection dont on retrouve encore les traces. Ce sont les chevaux arabes qui ont amélioré les races en Angleterre : ce sont des chevaux arabes, sur-tout, qu’il faut avoir pour placer dans nos établissemens.

D’ici à ce qu’on puisse s’en procurer directement d’Arabie, soit par nos commissaires des relations commerciales, soit par des personnes envoyées exprès, il seroit avantageux au bien public que tous les chevaux arabes amenés d’Égypte fussent employés à l’amélioration de nos races, et placés dans les établissemens des haras soit du ministère, soit de la légion d’honneur. Il suffiroit sans doute que Sa Majesté Impériale manifestât le désir de les y voir consacrés, pour que tous ceux qui les possèdent les livrassent à ce service d’une utilité générale. Cet acte de patriotisme seroit mentionné dans les mémoires des haras ; on paieroit le prix des animaux cédés, ou bien on donneroit dans quelques années, aux propriétaires, des productions de leurs animaux.