meilleurs moyens connus dont on puisse se servir pour approcher les oies. Mais il faut, sur-tout pour l’usage de la première machine, une patience à toute épreuve, et avancer si lentement que les branchages mêmes de la hutte n’en soient pas agités. Au défaut d’une vache artificielle complète, des paysans se servent seulement d’un bonnet de carton façonné en tête de vache ; du bout de leurs manches, ils laissent pendre deux morceaux d’étoffe qui figurent à peu près des jambes de devant ; et, vêtus eux-mêmes d’une couleur brune, marchant courbés, et imitant l’allure de la vache qui paît, ils parviennent, en tournoyant, et par une marche oblique, à approcher les oies à la portée du fusil. Il est à propos, pour tirer ces oiseaux, d’avoir, s’il est possible, des canardières ou de longs fusils. À leur défaut, on peut forcer la charge de poudre, et, dans tous les cas, on se sert de plomb double, de celui qui est employé pour le lièvre, tant parce qu’on tire presque toujours de loin, que parce que la plume serrée de l’oie lui vaut une espèce de cuirasse.
Les oies domestiques attirent fréquemment les oies sauvages. On peut s’aider de cette connoissance, dans plusieurs occasions : par exemple, on peut, par un temps de gelée, tendre une grande nappe, selon les mêmes procédés que quand on veut prendre des alouettes à la ridée. Il faut indispensablement préparer son filet à l’entrée de la nuit, afin qu’il reçoive la neige, s’il en tombe, et n’en pas approcher le matin pour ne pas ôter les traces de l’influence de l’air, telles que le givre, etc., dont l’absence suffiroit pour tenir l’oie en méfiance. On attache aussi sur les lieux, des oies domestiques pour servir d’appelans. Le lendemain matin, le chasseur, caché dans une fosse éloignée du piège, de quarante à cinquante pas, et où aboutit la corde de tirage qui abat le filet, attend l’arrivée des oies ; et, si son filet est bien mobile, il peut espérer de faire un bon coup. Lorsqu’il a neigé, on recommande au chasseur de se couvrir d’un drap blanc Je croirois volontiers que ce ne seroit pas non plus sans succès qu’on répandroit dans un champ ensemencé, fréquenté des oies sauvages, différens collets à ressort proportionnés à leurs forces ; mais peut-être aussi la préparation et le placement de ces pièges, qu’il faudroit tenir très-multipliés, entraîneroit trop de perte de temps et même de dégâts, pour qu’il en résultât un grand avantage.
Les oies sauvages s’abattent dans plusieurs cantons du nord de la France ; mais les lieux cités pour être les plus fréquentés par ces animaux sont Granges-sur-Seine, les plaines de la Beauce, de la Brie et de la Champagne. (S.)
OREILLE DE CHARRUE. L’oreille d’une charrue ne doit pas être seulement la continuation de l’aile du soc, en commençant à son arrière-bord, mais il faut encore qu’elle soit sur le même plan. Sa première fonction est de recevoir horizontalement du soc la motte de terre, de l’élever à la hauteur convenable pour être renversée, d’opposer dans sa marche la moindre résistance possible, et par conséquent de n’exiger que le minimum de la puissance motrice. Si c’était là que se bornassent ses fonctions, le coin offriroit sans doute la forme la plus convenable[1] pour la pratique ; mais il s’agit aussi de renverser la motte de terre : l’un des bords de l’oreille doit donc être sans aucune élévation, pour éviter une dépense inutile de force ; l’au-
- ↑ Je sens que s’il ne s’agissoit que d’élever la motte de terre à une hauteur donnée, sur une longueur déterminée de l’oreille, sans la renverser, la forme qui donneroit la plus petite résistance ne seroit pas rigoureusement celle d’un coin à deux faces planes ; mais la face supérieure devroit être curviligne, suivant les lois du solide de moindre résistance décrit par les mathématiciens. Mais, dans ce cas, la différence entre l’effet du coin à face courbe, et l’effet du coin à face plane est si petite, et l’exécution du premier seroit si difficile pour les ouvriers, que le coin à face plane doit être préféré, dans la pratique, comme premier élément de notre construction. 'Note de M. Jefferson, président des États-Unis d’Amérique.)