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mité inférieure de ces tonneaux, un tube longitudinal, percé de trous, au travers desquels s’échappe le liquide. Si l’on veut arroser des plantes semées par rangées, on emploîra, dans ce cas, des tuyaux flexibles faits en cuir. Un ouvrier pourra facilement les diriger par-tout où il en sera besoin.

On gagnera du temps, et l’on évitera un travail désagréable, si l’on exécute le transvasement des réservoirs dans les tonneaux, par le moyen d’une pompe, au lieu de le faire avec des vases, et à force de bras.

Il sera avantageux de recouvrir immédiatement le sol sur lequel on vient de répandre le liquide, ainsi que nous l’avons vu pratiquer en Espagne. L’évaporation qui dissipe plusieurs principes favorables à la nutrition des plantes ne pourra avoir lieu, si l’on suit cette méthode. Elle est sur-tout recommandable dans les climats chauds. D’ailleurs, l’odeur désagréable qui s’exhale dans l’air, lorsqu’on a répandu cette matière sur les champs, sera beaucoup moins sensible, et se dissipera beaucoup plus promptement.

Nous avons indiqué un troisième moyen d’employer les excrémens humains. Il consiste à les mélanger avec des fumiers de différente nature, avec les balayures des maisons, les ordures des cours, des chemins, la vase, enfin avec des terres soit argileuses, soit sablonneuses. On a donné à ces mélanges le nom de compost. On les forme dans les latrines lorsqu’elles sont disposées pour cela, en recouvrant les matières, de temps à autres, avec une couche de terre seule, ou avec les différentes substances que nous venons d’indiquer. La masse s’imprègne des parties subtiles et énergiques qui composent ce compost ; elle fermente, et donne, au bout de quelque temps, un engrais précieux.

Il seroit plus commode d’avoir, aux environs des fermes, des fosses pour servir à la manipulation des matières : elles doivent être construites de manière que les parties liquides ne puissent filtrer d’aucune part. On répandra, sur le fond, une couche de terre d’un pied au moins ; et celle-ci sera recouverte par une couche d’excrémens humains, épaisse de six pouces. L’on formera ainsi alternativement des lits, auxquels on ne donnera pas plus de six pouces d’épaisseur, afin que le mélange soit plus intime, et que la fermentation puisse agir également sur toutes les parties de la masse. Les composts doivent rester dans cet état pendant un an, ou six mois au moins. Il sera bon, afin de se procurer un fumier plus homogène et plus actif, de les remuer et de les bien mélanger à la pelle, quelques mois avant de les employer. On pourra vider les fosses d’aisances plusieurs fois dans le cours d’une année, et former séparément, à chaque fois, un compost, ainsi que nous venons de l’expliquer. En employant ce moyen, on rendra la confection des composts plus parfaite, et leur manipulation plus facile. On les arrosera au besoin, soit avec des urines, soit avec le liquide qui en découle, soit enfin avec de l’eau.

Il n’est pas indifférent de prendre une terre quelconque, pour opérer son mélange avec les matières fécales. On doit diriger son choix, d’après la nature du terrain sur lequel on se propose de répandre l’engrais. Si ce terrain est tenace et argileux, on prendra une terre légère et sablonneuse, et vice versâ. On corrigera ainsi les imperfections du sol, non seulement par l’effet de l’engrais, mais encore par l’addition d’une terre dont l’action mécanique produira un amendement aussi avantageux que durable.

Il nous reste à parler de l’emploi des matières fécales en état de siccité. Cette méthode ne peut être employée avec avantage, qu’auprès des grandes villes,