Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/394

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leur enlève toute leur eau de végétation, c’est-à-dire leur principe de vie, leur sang ; et il est d’observation qu’elles ne peuvent plus le reprendre, lorsqu’une fois elles l’ont perdue en majeure partie. Les arbres résineux sont particulièrement dans ce cas, comme on le verra plus bas.

Il n’est pas aussi indifférent, qu’on le croit communément, de placer le plant dans une pépinière, sur une direction plutôt que sur une autre ; mais c’est presque toujours la localité qui doit en décider. Il faut seulement faire en sorte que les rangées soient enfilées par le vent dominant, et que les arbres dont la croissance est la plus rapide, tels que les peupliers, les ormes, etc., soient placés au nord des autres, afin qu’ils ne leur nuisent point par leur ombrage.

Quelques personnes mettent beaucoup d’importance à conserver au plant, dans la pépinière, la même position relativement aux quatre points cardinaux, qu’il avoit dans l’endroit où il a été semé ; mais, quoique la théorie indique que tout changement à cet égard doit avoir quelque influence sur lui, cette influence est si peu considérable, qu’on ne s’en apperçoit pas dans la pratique, et que, par conséquent, les difficultés de l’exécution doivent décider à n’y faire aucune attention.

Les travaux à faire dans une plantation telle que celle dont il vient d’être question, pendant le cours de la première année, se bornent à des labours à la pioche ou à la bêche, aussi répétés qu’il convient, pour conserver la terre toujours meuble, et empêcher la croissance des mauvaises herbes : Il est assez difficile de donner des règles générales à cet égard, attendu que le nombre et l’époque de ces opérations dépendent de la nature des terrains et des circonstances atmosphériques. Un sol argileux, par exemple, a plus besoin de labours qu’un sol sablonneux, et, dans un tel terrain, ils sont plus utiles et plus faciles à exécuter dans une année ordinaire, que dans une très-sèche ou très-pluvieuse. Comme les labours à la bêche sont meilleurs, il faut en donner au moins un par an, pendant l’hiver ; les autres peuvent être faits à la binette plate, à raison de l’économie.

Il n’est pas besoin que je m’étende sur la nécessité de faire ces travaux avec un tel soin, qu’aucun plant ne soit blessé, ni déchaussé par les instrumens qu’on emploie, et sur les désavantages qu’on trouve à les entreprendre lorsque la terre est mouillée récemment.

C’est pendant la seconde année de la transplantation que les travaux d’une pépinière forestière sont les plus considérables, et doivent être suivis avec plus de soin. En effet, pendant le cours de l’année précédente, qu’ils aient eu ou n’aient pas eu la tête coupée, les plants ont poussé un grand nombre de branches latérales qui les font buissonner ; il s’agit de les supprimer, lorsqu’on en veut faire des arbres d’alignement ; c’est ce qu’on appelle mettre sur un brin ; et c’est souvent du choix de celui qu’on réserve pour faire la tige, que dépendra un jour la beauté de l’arbre. Cette opération ne doit pas être faite par une main novice ou inepte ; on doit la réfléchir sur chaque sujet, et la varier selon les circonstances qu’ils présentent. Ici, il faut encore se refuser à donner des exemples, par l’impossibilité d’entrer dans le détail de tous les cas qui peuvent se présenter ; quelques jours de pratique apprendront plus, à cet égard, que des pages de raisonnement. Il suffira de dire qu’il est bon de couper chaque branche, non immédiatement contre la tige principale, comme on le fait trop souvent, mais à un pouce de distance, afin qu’il se fasse une moindre extravasions de sève ; de choisir un temps sec et couvert, plutôt qu’aucun autre, afin que, d’une part, la perte de la sève soit encore moindre, et que, de l’autre, l’écorce, jusqu’alors ombragée par les feuilles, n’éprouve pas trop brusquement l’action desséchante du soleil ; de mettre des tuteurs à ceux des pieds qui auroient une courbure de nature à ne pouvoir disparoître par le seul effet de la force végétative.

L’opération de l’élagage des plants se fait ordinairement l’été, entre les deux sèves ; mais quelques personnes la font pendant l’hiver, sans doute abusivement, puisqu’ils perdent par là le bénéfice qu’une plus grande quantité de feuilles donne à la pousse du printemps.

Les labours doivent être, pendant cette année, aussi fréquens que pendant la première ; cependant quelques pépiniéristes en diminuent le nombre par économie, et prétendent que leur plant n’en souffre pas sensiblement ; ce qui est assez difficile à croire.

Quelquefois le plant n’a pas poussé assez vigoureusement la première année, soit à raison de la mauvaise nature du terrain, de l’époque trop reculée de la plantation, de la sécheresse qui l’a suivie, etc., pour qu’on puisse le mettre sur un brin la seconde. Il faut donc attendre la troisième, et alors il est presque toujours plus avantageux de le recéper ; c’est-à-dire de le couper rez terre, plutôt que de le laisser tel qu’il est, parce que ses racines, qui se sont fortifiées, pousseront alors des jets