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célération de la respiration, d’un pouls petit, concentré et accéléré ; et c’est à la suite de cette commotion fébrile, qui dure vingt-quatre à trente-six heures, que les tumeurs farcineuses paroissent : cette éruption fait cesser tous les symptômes précédens.

Le farcin des extrémités postérieures commence souvent par un engorgement œdémateux aux testicules, au fourreau et aux glandes inguinales ; le jarret du côté le plus affecté s’engorge, devient douloureux et chaud.

La terminaison présente des aspects qui ne sont pas moins variés. Quelques tumeurs farcineuses s’abcèdent au moment où elles paroissent ; d’autres suppurent très-difficilement ; il en est qui restent long-temps dans l’induration ; un petit nombre paroit se résoudre, tandis que la matière ne fait que passer dans une tumeur voisine. La matière des abcès est en partie séreuse et en partie grumeleuse, et jamais ce qu’on appelle louable ; elle manque d’uniformité, n’est point liée, exhale une odeur infecte qui lui est propre, et a beaucoup d’analogie avec celle que fournissent les tumeurs écrouelleuses dans l’homme.

Altération des organes extérieurs, observée dans les cadavres. Si l’on dissèque les parties affectées, on les trouve infiltrées ; le périoste est épaissi, ainsi que le tissu cellulaire qui entre dans leur composition. Les artères sur-tout des jambes sont plus larges, et les veines variqueuses ; la peau est très-épaisse, elle ressemble à du lard ; l’infiltration existe aussi dans tous les tissus aponévrotiques et tendineux ; le tissu réticulaire des os des jambes est moins vermeil lorsqu’elles ont éprouvé des engorgemens considérables.

Altérations dans les parties intérieures. Les oarties intérieures des animaux que cette maladie enlève, présentent à peu près les mêmes phénomènes que ceux qui se manifestent à l’extérieur. On y trouve l’engorgement squirreux du plus grand nombre des glandes lymphatiques ; l’engorgement variqueux de la majeure partie des vaisseaux chylifères, le rétrécissement du réservoir du chyle, les glandes inguinales très-tuméfiées, un des poumons comme abcédé, contenant comme des boutons de farcin, une matière blanchâtre, épaisse, concrète, qui se trouve aussi quelquefois dans le foie, dans la rate, qui est desséchée, etc.

Il existe encore, chez plusieurs, des vers de diverses espèces dans l’estomac et les intestins.

Causes prédisposantes. Les chevaux élevés dans les pays marécageux, aquatiques, qui ont de longs poils aux jambes, qui sont lourds, massifs ; tels que les chevaux de rivière, ceux qui habitent des lieux humides sujets à être inondés ; ceux qu’on loge dans des écuries froides, où les harnois se moisissent, où l’eau coule en gouttes le long des murs, où l’air ne se renouvelle point, dans lesquelles la lumière ne pénètre jamais ; ceux qui ne font point un exercice modéré et habituel, qui sont sujets aux engorgemens, aux eaux aux jambes, sont plus disposés au farcin, de même que les chevaux irritables, dont l’ardeur entreprend plus que leurs moyens physiques ne peuvent exécuter.

Causes occasionnelles. Les principales sont, 1°. les mauvais alimens, sur-tout les alimens secs, qui sont vasés, poudreux ; le trèfle donné pour toute nourriture.

2°. Des eaux insalubres, qui dissolvent mal le savon, dans lesquelles les légumes cuisent mal.

3°. Le travail forcé, sur-tout les courses rapides, trop longues, trop répétées.

4°. Le grain donné à discrétion dans les intervalles des travaux excessifs, mais qui ne répare point les forces, parce que les digestions sont toujours imparfaites.

5°. La cessation d’un travail journalier, nécessitée par un clou de rue, une sole brûlée, etc.

6°. Les transpirations arrêtées, sur-tout après le repas, par

Des pluies froides, ou un air froid et humide ;

Une immersion assez longue dans l’eau froide ou glacée, circonstance fréquente dans les chevaux de rivière, et qui entrent souvent dans l’eau étant en sueur ;

Une boisson froide, d’eau de neige, etc.

7°. Le farcin est quelquefois la suite de gourmes imparfaites, d’eaux aux jambes, de gales supprimées.

8°. La contagion.

Si cette maladie se communique, c’est surtout par l’application des harnois qui viennent de servir à un cheval farcineux. Dans ce cas, le dos, les épaules, l’encolure, le poitrail seront les parties primitivement affectées ; le contact des lèvres contre les fuseaux du râtelier, contre l’auge ; le frottement d’une partie d’un animal sain contre un ulcère farcineux, peut-être même l’exhalation fétide des ulcères, seroient des moyens de communication, surtout s’il y avoit quelque disposition dans le sujet qui cohabite. Le degré ou l’intensité du farcin communiqué dépendroit en ce cas de la disposition du sujet, qui auroit été atteint par