Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/448

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Mais les personnes qui longent les lisières observent cette nouvelle remise, et vont encore les en déloger. Ces différens mouvemens, exécutés avec précision, sont suivis d’un grand succès. Cette chasse cependant est moins fructueuse pour les bisets que pour les ramiers, parce que les premiers ont le vol beaucoup plus élevé et plus étendu que ceux-ci. Il est une autre chasse du même genre à peu près, mais réservée pour l’hiver, et appelée le tintamarre ou le charivari. Elle est décrite et attestée par Belon, le père de l’Ornithologie française ; on la trouve aussi dans le poëme de Claude Gauchet, intitulé : Les Plaisirs des Champs. Ces autorités me portent à croire que l’auteur de l’Aviceptologie a eu tort de la révoquer en doute. Voici en quoi consiste cette méthode :

On s’assure, en envoyant du monde au bois, de la partie où se retire le gibier ; cela s’appelle coucher les ramiers. Cette précaution prise, une bande nombreuse se rassemble le soir, à environ neuf heures, et s’achemine vers la forêt, portant des bassins ou ustensiles de cuivre, dont le choc est propre à produire beaucoup de bruit ; d’autres chasseurs, au nombre de sept ou huit, s’arment de fusils ; on se munit aussi d’une lanterne. La troupe, arrivée à la forêt, commence le tintamarre, afin que les pigeons, entendant ce bruit venir de loin, s’y habituent, et ne s’en épouvantent pas assez pour s’enfuir à mesure qu’il approchera. Parvenus ainsi sous les arbres indiqués pour leur retraite, on allume du feu, afin de les découvrir parmi les branches, et on les tire, le charivari continuant toujours, sans que le bruit du fusil fasse d’autre effet que de les faire changer de branche. Belon attribue le succès de cette chasse à la stupeur que le charivari inspire à ces pauvres oiseaux, qui s’épouvantent si fort, dit-il, qu’ils ont peur et n’osent partir ; par quoi les arbalétriers qui sont au dessous les tirent, etc.

La chasse qui se fait dans les gorges des Pyrénées, lors du passage des ramiers à l’automne, et de leur retour au printemps, exige un grand appareil. Comme c’est une pratique locale, et fondée sur les circonstances particulières à ces contrées du passage des oiseaux et de la disposition des localités, je me contenterai d’indiquer ici les principales dispositions nécessaires pour y réussir. On commence par préparer au fond des gorges des arbres élevés, entre lesquels on puisse tendre d’immenses filets, au moyen d’anneaux ou de poulies, comme les pantières aux bécasses. Des huttes ou cabanes cachent les hommes, qui lâchent à propos les filets ; d’autres cabanes, élevées sur de grandes perches ou sur des arbres très-hauts, recèlent d’autres chasseurs, qui, armés de certaines palettes de bois blanchi, faites à peu firès comme un battoir de blanchisseuse, lancent en l’air ces instrumens, qui semblent aux pigeons des oiseaux de proie, et les font donner dans les filets ; d’autres emploient des flèches garnies de plumes d’oiseaux de proie, et les lancent avec un arc ou arbalète, parmi les bandes de ramiers, pour éviter de se jucher au haut d’un arbre. (S.)


PINSONNÉE, (Chasse aux oiseaux.) Les oiseleurs appellent pinsonnées quelques méthodes plus ou moins variées de découvrir et tuer, à l’aide de la lumière, les oiseaux endormis dans les haies, bois et buissons, pendant les froides et obscures nuits d’hiver.

La plus simple de ces méthodes, mais qui suppose beaucoup d’adresse, est de s’armer d’une espèce de battoir, dont le manche est longue trois ou quatre pieds, et dont le gros bout est en forme de palette large de quatre doigts environ. Avec cet outil sous le bras, du feu et