Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/464

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offrent de plus grands avantages. Après avoir déterminé les plantes bonnes à propager, il en fera récolter les graines sur son terrain, soit dans les pâturages, soit dans les anciennes prairies. On occupe à ce travail des femmes ou des enfans, après leur avoir indiqué l’espèce de plante dont on veut ramasser les semences. Un laboureur, un jardinier choisissent les grains ou les semences destinées à la reproduction ; pour quelle raison un agriculteur n’apporteroit-il pas les mêmes soins à la culture de ses prairies ? On répandra les graines soit séparément, soit en réunissant plusieurs espèces dans la même pièce de terre. Il est en général plus avantageux de composer les prairies d’une seule espèce ; car la maturité arrivant alors à la même époque, on ne se voit pas contraint de faucher l’herbe lorsqu’une partie des plantes n’est pas encore parvenue à sa maturité, et qu’une autre portion commence à se faner, ainsi que cela a lieu communément. Pour former une prairie composée de plusieurs espèces de plantes, on choisira celles qui fleurissent à la même époque.

Il n’est pas avantageux de semer les graines telles qu’on les ramasse dans les greniers à foin ; car alors on propage les bonnes plantes avec les mauvaises. On ne doit employer ces semences que lorsqu’on n’a pas le moyen de s’en procurer de mieux choisies. Un cultivateur soigneux portera ses vues plus loin ; il cherchera à introduire dans la formation de ses prairies les plantes exotiques dont la culture lui paroîtra plus lucrative. Mais dans ce cas, il doit commencer par faire des essais en petit ; une plante qui réussit bien dans un terrain et sous un climat déterminés, est souvent peu avantageuse dans un lieu où les mêmes circonstances semblent se réunir. Il est bon d’observer que les plantes les plus productives comme fourrage, et les plus propres à la nourriture des bestiaux, se trouvent généralement dans la famille des graminées, et dans celle des légumineuses.

Le défrichement et le renouvellement d’une prairie étant des opérations dispendieuses, on doit se borner à les amender, en employant des moyens plus simples, lorsque la chose est praticable. Après avoir fait usage des différens procédés qui ont été décrits dans le cours de cet Ouvrage, tels que les tranchées pour l’écoulement des eaux, et le dessèchement des terres trop humides, le fumage, l’irrigation, etc., on fera extirper les plantes nuisibles aux bestiaux, celles qu’ils ont l’habitude de laisser intactes, et celles enfin qui donnent une fane moins abondante. Ces plantes vivent aux dépens des autres ; elles les empêchent de taller, de s’élever, de pousser des tiges latérales ; elles détruisent, par leur ombrage, tout ce qui croît autour d’elles ; et souvent leur multiplication réduit un terrain à la moitié de sa valeur réelle. Non seulement le foin qu’elles produisent est beaucoup moins abondant, mais il perd encore la moitié de son prix à raison de la mauvaise qualité des plantes qui le composent. Les animaux, en rejetant celles qui leur répugnent, laissent perdre avec elles une portion de fourrage qu’ils auroient mangée.

Il est moins important d’arracher les plantes annuelles ou bisannuelles que les plantes vivaces. Les premières, qui ne peuvent se reproduire que par leurs graines, se propagent difficilement dans les prairies, par la raison qu’elles sont coupées, pour la majeure partie, avant la maturité de leurs semences, et qu’elles périssent sans se reproduire.

Il faut sur-tout avoir soin d’arracher les plantes inutiles dès les premières années de la formation d’une prairie ; on coupe ainsi le mal dès son principe, et l’on évite du travail pour la suite.

Il est plus économique d’employer, pour l’extirpation des plantes, des femmes ou des jeunes gens. On leur indique celles qui doivent être arrachées, et on leur