Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/489

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Les étrangers, qui ont conçu une haute idée du perfectionnement des arts dans la capitale de la France, ne peuvent revenir de leur étonnement, lorsqu’ils examinent la manière grossière et imparfaite avec laquelle nous pulvérisons le plâtre. Ils ne conçoivent pas comment on n’a pas substitué à cette méthode, qui présente tant d’inconvéniens, des moyens mieux combinés et moins dispendieux ; mais malheureusement les arts utiles sont négligés et méprisés parmi nous, tandis que les arts de luxe, et ceux qui flattent la vanité et les passions, sont encouragés par le gouvernement et par les particuliers

Le moulin à plâtre, dont nous donnons la description, est extrêmement simple ; et l’impression de la gravure qui le représente suffit pour faire comprendre son mécanisme. (Voy. Pl. IX, fig. 1.) Il est en usage en Espagne, où on le fait ordinairement mouvoir par le moyen d’une bête de trait. Il ressemble beaucoup aux moulins à huile ou à cidre ; ceux-ci pourroient lui être substitués en cas de besoin.

Pour le construire, on élève sur le sol un massif en maçonnerie D (fig 1) recouvert d’une seule pierre, ou de plusieurs pierres de taille ajustées les unes contre les autres. La hauteur du massif doit être de trois à trois décimètres et demi, et son diamètre de quinze décimètres. On pratique autour du massif, et à la distance de cinq décimètres, une muraille F, élevée de trois décimètres, et épaisse de deux décimètres. La lettre E représente l’espace circulaire compris entre le massif et la muraille : il sert à recevoir le plâtre à mesure qu’il est pulvérisé. Sa largeur est de cinq décimètres. On pratique au centre du massif un trou dans lequel on fixe une culasse en fer, sur laquelle roule la partie inférieure du montant A, qui va aboutir, par son autre extrémité, à une solive du plancher supérieur. Ce montant tourne sur lui-même, à mesure que la meule B roule circulairement sur le massif. La meule, qui est pareille à celles qu’on emploie dans les moulins à blé, a cinq décimètres et demi de diamètre, et quarante-quatre centimètres d’épaisseur. Elle est posée verticalement, et elle est mise en mouvement par le levier C, qui traverse son centre, et qui est fixé, par l’une de ses extrémités, dans le montant A. Le cheval qui fait mouvoir la meule est attelé à l’autre extrémité du levier, et il tourne circulairement autour de la muraille, qui embrasse le massif. La fig. 2 représente le plan du moulin ; D, massif ; F, muraille ; E, espace destiné à recevoir le plâtre.

Les dimensions que nous venons d’indiquer peuvent varier selon la quantité plus ou moins considérable de plâtre que l’on se propose de broyer. On peut donner un peu moins d’élévation à la muraille circulaire, qui n’est construite que pour empêcher que le plâtre ne se répande, et qu’il ne soit foulé aux pieds des ouvriers.

Lorsqu’on veut pulvériser le plâtre, on l’étend sur le massif, à l’épaisseur de quelques pouces ; l’on fait marcher le cheval, qui donne le mouvement à la meule ; et, à mesure que celle-ci tourne, un ouvrier remue le plâtre avec une pelle, et le fait passer sous la meule. Lorsqu’il juge que le plâtre a été suffisamment broyé, il le fait tomber entre le massif et la muraille ; on remet ensuite du nouveau plâtre, et l’on continue ainsi successivement. Pendant ce travail, un second ouvrier est occupé à enlever le plâtre et à le tamiser. On a, à cet effet, un crible qu’on suspend par le moyen de deux cordes attachées au plancher. L’ouvrier le remplit de plâtre, et l’agite jusqu’à ce que les parties les plus fines aient passé. Ce crible est placé dans une petite chambre, ou local entouré