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aucun effet sensible. Le défaut de succès dépend de quelques circonstances qui ne nous sont pas encore bien connues ; il est donc nécessaire de réitérer souvent le gypsage sur un champ, et de le varier de différentes manières, avant d’établir une théorie fondée sur des principes certains et d’une application générale.

Il est vraisemblable que les parties constituantes du plâtre entrent comme élémens dans la nutrition des végétaux ; mais les effets qu’il produit sont dus, en grande partie, à la propriété qu’il possède, avec les autres substances salines, d’attirer l’humidité de l’air, et de se combiner avec les gaz.

Quelques cultivateurs ont prétendu que le plâtre cuit agissoit avec plus d’activité que lorsqu’il étoit employé dans l’état de crudité. Cependant il est prouvé, par un assez grand nombre d’expériences, que son action est à peu près la même dans l’un et l’autre cas. Nous croyons qu’il est plus avantageux de le faire cuire, lorsqu’on se trouve dans un endroit où le prix du bois n’est pas trop élevé. Il est plus facile alors de le réduire en poudre ; et, lorsqu’il est répandu sur la surface des plantes ou sur celle du sol, il attire plus facilement l’humidité et les gaz répandus dans l’atmosphère. On ne doit cependant pas lui donner le même degré de cuisson qu’à celui qu’on destine à la construction des bâtimens ; car, lorsqu’il est répandu dans cet état, il saisit promptement l’humidité de la terre et celle des plantes ; et si cette humidité se trouve considérable, il se durcit, et forme une substance qui, ne jouissant plus des mêmes qualités, est hors d’état d’agir aussi efficacement.

Le degré de finesse qu’on donne au plâtre en le pulvérisant doit dépendre de l’emploi auquel on le destine, ou des effets qu’on veut en obtenir. Lorsqu’on se propose de le répandre sur les plantes, il faut lui donner le même degré de finesse qu’au plâtre destiné pour la maçonnerie. On conçoit qu’il ne peut se fixer sur les feuilles et sur les tiges des plantes, que lorsqu’il a été réduit en une poussière déliée. Si on veut, au contraire, le répandre sur la surface du terrain, on se contentera de diviser ses parties à la grosseur d’un grain de blé, d’un pois, ou d’un haricot. Les effets seront plus lents, mais aussi plus durables, si on le concasse grossièrement ; car alors sa dissolution ne pourra s’effectuer que dans un espace de temps plus considérable.

Si l’on enfouit le plâtre à la charrue après l’avoir répandu sur la surface du sol, son effet est nul, ou du moins presque insensible. Ce fait, s’il étoit bien constaté, prouveroit que son action n’est pas analogue à celle de la majeure partie des engrais qui opèrent, soit en produisant une fermentation dans la terre, soit en divisant, ou en réunissant les molécules du sol, soit en fournissant aux plantes des principes nutritifs, etc. Il semble que le plâtre agit en attirant à lui les élémens de la végétation répandus dans l’atmosphère. Il importe donc qu’il soit retenu sur la surface de la terre, et que son état de ténuité soit le plus grand possible. Mais, pour remplir ces deux conditions, il faut avoir égard à la nature du sol ; ainsi, lorsqu’il s’agit de gypser une terre tenace et argileuse, on emploira du plâtre très-fin ; car on ne craindra point qu’il soit entraîné dans la terre par sa propre pesanteur, ou par l’effet des pluies. Si le sol est, au contraire, sablonneux ou très-meuble, ou nouvellement labouré, on répandra du plâtre moins pulvérisé, afin qu’il ne puisse pénétrer la superficie du sol, et qu’il demeure exposé aux influences de l’air.

Un inconvénient qui paroît devoir résulter, dans le cas où l’on auroit disséminé sur une terre des fragmens à plâtre d’une grosseur trop considérable, c’est que cette substance étant bien