Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/53

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lâche et circulairement, et redescendant sur la droite, de manière que, sans déranger ce cercle, on puisse de la main droite qui tient l’aiguille, et qui a tracé toute cette marche du fil, présenter la pointe de cette même aiguille vers le creux de sa main gauche. On y engage cette pointe sous la partie du fil tendue du pouce au petit doigt, puis, la dirigeant derrière le moule, on la passe en dessus dans l’anse double qu’on a vue formée plus haut sous le doigt du milieu, de manière qu’elle en sorte de dessous en dessus, et que la partie de la branche de fil jetée en demi-cercle sur l’anse, ne soit point touchée par l’aiguille, mais reste, pour le moment, immobile entre cette aiguille et l’anse. L’aiguille étant ainsi engagée, on la lâche pour la reprendre par la tête, et, la tirant toute entière dehors, on serre le nœud que forme ces entrelacemens, en conduisant toujours contre le moule les points du fil, pris sous le premier et le second doigt, et ne dégageant le petit doigt du double qui l’entoure qu’à la dernière extrémité. Si on a bien exécuté tous ces mouvemens, pour lesquels on doit donner à la branche du fil qui tient à l’aiguille une longueur suffisante, on aura fait une première maille d’après laquelle on pourra en poursuivre des milliers. Pour faire la seconde, on reprend, comme la première fois, sous l’anse de corde, une petite portion en double de la branche du fil qui tient au peloton ; ce double s’engage et se tient ouvert toujours par le doigt du milieu de la main gauche, et sert, comme on doit le voir, si on a bien senti les mouvemens de l’aiguille, à fermer la maille entière, en lui donnant quatre côtés. Si l’aiguille s’évide avant que la levure soit achevée, on la recharge d’un autre fil, et lorsqu’elle en est suffisamment remplie, on la coupe pour attacher le nouveau bout au nœud de la dernière maille. Lorsque la levure est achevée, c’est-à-dire qu’on a fait, comme je viens de le dire, un premier rang de mailles proportionné à l’étendue qu’on veut donner à son filet, on dégage le moule de ce rang de mailles, et, le retournant de manière que la dernière maille qui étoit à droite devienne la première sur la gauche, on rapporte son moule sous la courbure inférieure de cette première maille ; puis, recommençant les mêmes mouvemens du fil sur le moule et autour du petit doigt, etc., on opère comme pour le premier rang, avec cette seule différence que le doigt du milieu de la main gauche n’est plus occupé à former d’anses postiches, et que c’est par les mailles qu’on vient de faire qu’on fait ressortir toujours de dessous en dessus la pointe de son aiguille, lorsqu’on l’a engagée sous la branche de fil qui tient au petit doigt : c’est en laçant dans ces mailles que le second rang se noue après le premier. Pour mailler bien également, on observera de tenir bien alignés les nœuds des mailles du premier rang.

Tel est le procédé le plus parfait pour faire une levure. Il en est deux autres un peu plus simples peut-être, mais qui ont quelques inconvéniens. Le premier, consiste à se servir de l’anse fixe après laquelle on attache le fil dont l’aiguille est chargée, au lieu de l’anse postiche et mobile qu’on forme avec le doigt du milieu de la main gauche. Mais, par cette méthode, on ne forme, pour son premier rang, que des demi-mailles au lieu de mailles entières ; de plus, si on avoit une très-grande étendue de filet à faire, il faudroit considérablement allonger son anse pour qu’elle puisse enfiler toute la levure. Le second procédé consiste à faire ses mailles les unes sous les autres ; c’est-à dire que la première maille faite, on dégage le moule, et on l’approche sous cette première maille, laquelle sert d’attache à la seconde qui, elle-même, devient le point d’appui de la troisième, et ainsi de suite.