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dans des filets de pêche où l’on forme des goulets ou entonnoirs dans l’intérieur d’un autre filet.

Quand on a acquis, par un certain usage, la facilité et l’habitude de conduire ces nœuds et de former ces mailles, on peut, avec un peu d’intelligence, entreprendre toutes sortes de filets. Les filets prennent différens noms, tant par rapport à leurs mailles que par rapport à leurs formes. Par rapport à la maille, on les dit à mailles en losange ou à mailles carrées ; par rapport à leurs formes, quand ils s’étendent en surface avec quatre côtés, on les appelle nappes, toiles, pantières, rets, sennes. Il y en a qui sont composés de trois filets l’un sur l’autre, et on les nomme tramail ou trémail, trémaux ou tramaux, mots dont je pense que le sens étymologique est trois mailles. Enfin, il y a des filets fermés ou faisant le sac, comme les nasses, verveux, pochettes, etc.

Les filets à mailles en losange, et qui doivent s’étendre tout uniment en long et en large, sont les plus simples à faire. Ils résultent de la poursuite indéfinie de la première méthode de mailles que j’ai décrite ci-dessus en parlant du nœud sous le petit doigt. On les dit à mailles en losange, parce que le filet étant étendu dans sa position naturelle, les points ou nœuds de chaque maille sont placés en ligne droite du haut en bas ; de manière que ces mailles sont opposées les unes aux autres, angle à angle.

C’est ainsi qu’on fait les trameaux, nasses, et généralement tous les filets désignés par le nom générique de nappes. Ces filets sont d’ailleurs rectangulaires par leurs formes, c’est-à-dire carrés longs, de manière que la hauteur ou largeur soit moindre que la longueur. J’ai déjà eu plusieurs fois occasion de remarquer qu’il falloit tenir, en fabriquant, leurs dimensions d’un quart ou d’un cinquième environ plus grandes qu’on ne se proposoit de les avoir réellement, parce qu’en montant le filet, et ouvrant ses mailles en tous sens, il s’opéreroit toujours par là un rétrécissement sur les longueurs. Il est assez indifférent de prendre sur la levure la hauteur ou la longueur de son filet. Dans les ateliers de M. Clavaux, on trouve plus de commodité à lever, c’est-à-dire à commencer par le côté qui doit être le plus long. Ainsi, si une nappe doit avoir trente pieds de long sur huit ou six de hauteur, on commence par faire une levure de trente pieds, plus, cinq ou six pieds qu’on donne pour la perte dans le d’étirement des mailles.

Le filet à mailles carrées, soit qu’on le fasse carré en tous sens, soit qu’on le fasse carré long ou rectangle, ne s’exécute pas tout à fait comme le précédent, quant à la conduite des rangées de mailles. La première maille se fait de même ; car toute maille prise isolément est de soi carrée ; elle ne se trouve en losange que par le placement d’une suivante qui s’aligne avec la précédente par la pointe et non par les côtés. Un filet à mailles carrées sera donc celui qui, tendu naturellement, présentera ses mailles placées l’une contre l’autre et côte à côte, comme les carrés d’un damier. Pour faire cette espèce de filet dans les proportions de carré parfait, il faut le commencer par un angle, et aller d’une maille à deux, puis à trois, puis à quatre, jusqu’à ce qu’on ait atteint la longueur latérale que l’on s’est proposé de donner à son carré : alors on décroît d’une maille à chaque rang pour finir par une seule à l’angle inférieur, ainsi qu’on a commencé à l’angle supérieur. C’est dans cette fabrication que les accrues et les rapetisses sont indispensables. Revenons à a première maille : l’aiguille étant suffisamment chargée de fil, on sépare ce fil du peloton et du bout extrême qui pend après l’aiguille ; on fait deux tours autour de son moule ; on noue les deux bras du fil sans couper celui qui tient à l’aiguille, et, dégageant le moule, on a une espèce