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semences sont tirées de leurs vases et mises en terre.

Choix des terres. Les graines qui prospèrent dans les terres fortes sont plus particulièrement celles des grands arbres, dont les racines ligneuses et fortes sont destinées à fournir à une végétation élevée, et à la mettre à l’abri des grands vents et des pluies d’orage. Tels sont, parmi nos arbres indigènes, les chênes, les frênes et les plantes voraces qui aiment l’humidité.

Les végétaux, dont les graines lèvent de préférence dans les terres maigres, sont ceux qui craignent l’humidité et qui se plaisent dans les sols secs, légers et chauds : tels que les amandiers, quelques érables, les rosiers, les marrubes, les borraginées, les ombellifères, les seigles, les orangers, etc.

On sème dans les terres de jardin amendées qui offrent un très-grand nombre de variétés de terrains, mais qu’on ameublit et qu’on amende suivant l’exigence des besoins, les graines de légumes, de salades et de plantes employées à l’ornement des jardins.

Les terres à semis ordinaires conviennent à la plus grande partie des semis des plantes utiles ou curieuses qui se font dans des pots, des terrines ou des caisses.

Le terreau de bruyère convient aux graines des airelles, d’un grand nombre de liliacées à semences menues, de diverses espèces d’arbres résineux de l’Amérique septentrionale, et enfin à celles d’une grande partie des plantes alpines à semences fines.

On sème sur terre et sous de la mousse les graines des arbustes et arbrisseaux qui constituent les familles des bruyères, des kalmia, des mille-pertuis et de quelques plantes qui appartiennent aux familles des orchis et des fougères. Les vases qui renferment ces semis doivent être placés, par leur partie inférieure, dans une terrine qu’on entretient pleine d’eau pour suppléer aux arrosemens à l’arrosoir, qui seroient nuisibles aux graines germantes.

On sème le riz sur terre et sous l’eau ; on le répand sur la terre nouvellement labourée, après quoi on la couvre d’eau de l’épaisseur de trois doigts ; quelques ombellifères, telles que les cicuta, les phellandrium, les sium inundatum, plusieurs renoncules, etc., pour semer, exigent cette même culture.

On sème les plantes aquatiques dont les racines sont implantées dans la vase et sous l’eau à la profondeur de plusieurs pieds, tels que les nymphéa, les stratiates, les châtaigniers d’eau, etc. On enveloppe les graines que l’on veut semer de cette manière, dans une boule de terre grasse argileuse, et on la descend précisément à la place où l’on veut faire croître la plante.

On fait germer sur du coton imbibé d’eau, et à une température de dix-huit à vingt-quatre degrés de chaleur, un grand nombre de semences fines et dures de plantes des climats chauds, telles que celles des dorstenia, des mûriers, des figuiers, etc. ; à mesure que les semences sont germées, on les enlève de dessus le coton, et on les met dans des petits vases remplis d’une terre légère que l’on place sur une couche chaude.

On sème les graines des plantes parasites, telles que des viscum, des laurentiers, des épidendrons et de plusieurs espèces de fougères, sur des branches, dans les fourches qu’elles forment avec le tronc. On choisit les places où il se trouve des lichens et des mousses. L’exposition qui convient le mieux à la réussite de cette espèce de semis est celle qui se trouve ombragée, qui est humide et chaude.

Temps des semences. Aussitôt la maturité des graines. Beaucoup de semences dont le germe est accompagné d’un corps corné comme dans beaucoup d’espèces de rubiacées, et notamment dans celle du café, perdent leurs propriétés germinatives peu de temps après leur maturité ; d’autres renferment une huile essentielle qui se corrompt promptement, réagit sur le germe et le détruit, comme dans la famille des lauriers et des myrtes. Il en est d’autres, comme dans les mespilus, la famille des nerpruns, dont les semences sont des osselets très-durs qui se racornissent en séchant. Si l’on attend au printemps à les mettre en terre, ils y restent un an entier avant que de lever. On remédie à tous ces inconvéniens en semant ou stratifiant ces sortes de graines immédiatement après leur maturité.

À l’automne. Plusieurs graines de plantes vivaces, de la famille des ombellifères, des fraxinelles, des rosiers, etc., doivent être semées en automne. Si l’on attend le printemps suivant, il est rare qu’elles lèvent dans l’année, et elles peuvent être mangées en terre ou détruites par les insectes avant leur germination. Étant semées d’automne, elles lèvent au printemps suivant.

En février. Après la cessation des fortes gelées, lorsque la terre devient maniable, et dans la saison des pluies, on sème une grande quantité de graines d’arbres de pleine terre. On y répand aussi les semences de prairies naturelles, quelques céréales et de menues grenailles.