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Les semences très-fines, telles que celles des raiponces (campanula rapunculus) ou des mille-pertuis, (hypericum) des pourpiers, (portulans) et autres de cette nature, doivent être recouvertes d’une ligne de terre, et encore doit-elle être légère. Les graines de la grosseur d’un pois michaud, (pisum sativum nanum) ont besoin d’être recouvertes de terre, de l’épaisseur de trois quarts de pouce. Enfin, les graines les plus grosses parmi celles de nos arbres fruitiers, comme les amandes, les noyaux d’abricots, de pêcher et même les noix, peuvent être enfoncées en terre entre deux et trois pouces. En suivant la même progression pour les grosseurs de semences intermédiaires entre les trois que nous venons d’indiquer, on arrivera à des données assez exactes pour recouvrir de l’épaisseur de terre convenable les différentes sortes de graines. Mais il est bon d’avertir que les graines les plus grosses, telles que celles du palmier cocotier des Maldives, qui est le plus gros noyau que nous connoissions, ne doit être enfoncé en terre qu’à la profondeur de quatre à cinq pouces.

S’il est important d’enfoncer les semences à une profondeur convenable pour leur réussite, il ne l’est pas moins, pour la célérité de leur germination, qu’elles ne soient pas trop enfoncées en terre. Les graines les plus fines enterrées à un pouce, ne lèvent point ; elles se conservent en terre, jusqu’à ce qu’un concours de circonstances les rapproche de la surface de la terre. (Th.)


SENNE, SAINE, SEINE ou SÉME, (Pêche.) La senne est un filet fort en usage chez les pêcheurs : une nappe simple le compose, et il est propre à arrêter toutes sortes de poissons. Ou l’appelle aussi traîne, parce que le plus souvent on le traîne sur le fond des eaux. On lui donne toujours beaucoup plus de longueur que de chute ; et, comme il doit se tenir verticalement dans l’eau, on garnit ta tête de flottes en liège ou en bois, et son pied, de lest en plomb ou en cailloux.

La grandeur de la senne varie suivant la largeur et la profondeur de la rivière ou nappe d’eau où l’on pêche. Sur le Rhin, par exemple, les pêcheurs réunissent quelquefois, pour former une senne, six à huit filets de cinquante aunes chacun, dont les mailles sont fort larges. En général, la longueur des sennes va de huit brasses jusqu’à soixante et plus, et leur chute, de quatre pieds jusqu’au delà de six : on préfère de leur donner plus de chute que moins, afin qu’elles boursent, c’est-à-dire qu’elles fassent la poche. Les mailles de ces filets ont plus ou moins de largeur, suivant l’espèce de pêche : quelquefois une même senne porte des mailles de grandeurs différentes. Mais, quel que soit l’échantillon de ces mailles, la senne n’en est pas moins un filet destructeur et nuisible à la propagation du poisson, parce qu’en le traînant, les mailles se rétrécissent et arrêtent le frai et la menuise comme le gros poisson.

Aux extrémités de la senne sont des cordes plus ou moins longues, auxquelles on donne le nom de bras ; elles servent à tendre le filet et à le traîner.

Quelque part que l’on emploie la senne, il faut choisir un fond uni, sur lequel sa ralingue du bas puisse glisser sans embarras. Ce n’est pas que, pour la conservation du poisson, il ne fût plus avantageux que le pied de la senne, moins chargé de lest, ne le portât qu’attaché à des lignes de quelques pouces de longueur, placées de distance en distance ; par cette disposition, qui devroit être généralement prescrite, le frai et les petits poissons pourroient s’échapper par-dessous la ralingue basse, et être conservés pour les pêches à venir,

Quand la nappe d’eau sur laquelle on veut pêcher à la senne n’a qu’une médiocre largeur, les pêcheurs se partagent en deux bandes, qui se placent sur chacune des rives ; ceux qui ont le filet de leur côté attachent une pierre à l’un des bras, la jettent à ceux qui sont sur le bord opposé, et laissent aller le filet à l’eau, à mesure que les autres le tirent à eux. Lorsque la senne est étendue en entier, les deux bandes de pê-