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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/617

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plus d’avantages dans les terrains argileux, pour y faire des assolemens, sont les fèves ou féveroles, les pommes de terre, les choux, le colza, la navette, le pavot, la caméline, la vesce, la chicorée, la pimprenelle, la luzerne, le trèfle, etc., et les prés-gazons, c’est-à-dire les prés formés de graminées vivaces.

De toutes ces plantes, dit Pictet, la fève ou féverole, est celle qui doit être considérée comme la plus importante, puisqu’il a été prouvé, par des expériences positives faites en Angleterre, que lorsqu’elle est labourée à la houe, pendant sa végétation, et sarclée, elle prépare, dans ces sortes de terres, une belle récolte de blé avec presque autant de certitude qu’un beau trèfle dans une terre légère. Elle paie de plus abondamment, par sa propre récolte, les frais qu’elle exige, car son grain peut entrer dans le pain du pauvre, et est excellent pour engraisser les volailles et les bestiaux de toute espèce.

Il y a deux variétés de féveroles, l’une qui se sème en automne, et l’autre qui se sème au printemps. La première doit être préférée, attendu qu’il est souvent difficile d’entrer dans les terres argileuses à la fin de l’hiver pour les labourer.

Les pommes de terre jouissent de grands avantages et obligent à des travaux répétés qui ameublissent beaucoup la terre et la purgent des mauvaises herbes ; mais malgré cela, l’expérience a prouvé qu’elles étoient une mauvaise préparation pour les récoltes de blé, lorsqu’on ne les accompagnoit pas d’engrais abondans.

L’utilité de la culture des choux en plein champ n’est plus contestée aujourd’hui en Angleterre et dans le nord de la France ; mais il faut que cette culture soit accompagnée d’une quantité de bœufs ou de moutons à engraisser, suffisante pour en consommer le produit dans la ferme, et cette circonstance ne se rencontre pas toujours. Il est douteux qu’elle puisse également être fructueuse pour nos départemens du Midi, à raison des sécheresses fréquentes du printemps, et de la nécessité des arrosemens à la main qu’elle y nécessiteroit.

Le colza se cultive ou pour la graine ou pour le fanage. Dans le premier cas, il épuise prodigieusement la terre ; dans le second, il la fatigue moins, et est d’un grand produit. On le sème en automne, soit pour le faire manger sur place par les moutons, au printemps, soit pour le transplanter à la même époque et lui donner une culture à la pioche : dans ce dernier cas, on ne le fait consommer qu’au moment où il est disposé à monter en graine.

La vesce et la gesse fournissent une ressource majeure dans les assolemens de l’espèce dont il est ici question, soit qu’on les destine à porter de la graine, soit qu’on en veuille faire du fourrage. Elles améliorent bien les terres, les privent, par leur épais fanage, de toutes mauvaises herbes, et leurs graines, ainsi que leurs fourrages, sont d’un grand usage dans une ferme

La chicorée est aussi dans le cas d’être recommandée, ainsi que la pimprenelle, et elles ne sont pas malheureusement assez employées.

Quant à la luzerne et au trèfle, ils ne sont pas, comme je l’ai déjà observé, aussi utilement cultivés dans ces sortes de terrains que dans ceux dont il a été question précédemment ; mais on peut cependant en tirer parti avec des soins et des attentions particulières.

Les prés-gazons, dit Pictet, méritent beaucoup d’attention de la part de ceux qui visent à supprimer les jachères dans les terrains argileux, attendu qu’ils les améliorent et évitent une fréquence de labours toujours très-coûteux.

Les plantes vivaces qui réussissent le mieux dans les prés-gazons sont les bromes, les fétuques, les vulpins, les paturins, le ray-grass et les trèfles des prés.

Ces graminées se sèment à moitié avec du blé, ou mieux aux deux tiers, parce qu’il est avantageux qu’elles soient épaisses. On les fait pâturer par les moutons dès le premier printemps, pour les faire raser ; car c’est un préjugé de croire que ces animaux arrachent les jeunes plants.

Lorsqu’on veut établir une rotation de culture sur une ferme à terrain argileux, il faut d’abord établir des prés pour diminuer d’autant les travaux aratoires et pouvoir augmenter le nombre de ses bestiaux. Le blé et l’avoine sont les deux grains qui réussissent le mieux dans cette sorte de terrain. Le premier peut, sans inconvénient, y revenir plus souvent que dans les assolemens de terres légères. On a même constaté, en Angleterre, que l’alternance des féveroles avec un léger engrais de trois ans en trois ans, avoit suffi pour soutenir, sans diminution, les facultés de produire et la parfaits netteté d’une terre argileuse.

Dans tous les cas, ces sortes de terrains ont besoin d’être desséchés le plus exactement possible, soit par de grands travaux à la bêche, soit par des rigoles à la charrue, parce qu’ils sont exposés à être noyés après les pluies d’hiver, et dans ce cas, il n’y a point ou au moins peu de produits à en attendre.

Cela dit, je puis passer à quelques exemples