Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/619

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l’ont été qu’une fois en neuf ans, et qui n’en ont pas moins donné chaque année de bonnes récoltes ; cependant, plus on le fait et plus ces récoltes sont abondantes. Ici, comme dans beaucoup d’autres cas, ce sont les circonstances qui doivent déterminer et le mode d’assolement, et la quantité de fumiers dont on les accompagnera.

Ceci me conduit à observer (ce que j’aurois dû faire plus haut) que quoique dans toute espèce de terre le fumier sans assolement fasse produire des récoltes avantageuses, les assolemens, joints à l’abondance des fumiers, en procurent encore de meilleurs, c’est-à-dire que de deux pièces égales et également fumées, celle où on aura mis deux ans de suite du blé, donnera la seconde une récolte inférieure à celle où on n’en aura mis qu’une fois.

Mais loin de tendre à augmenter la consommation des fumiers, les assolemens, au contraire, comme on l’a vu dans le cours de cet article, tout en favorisant considérablement leur masse par la multiplication des fourrages, et, par suite, des bestiaux, tendent à la diminuer, puisque par leur seul moyen on peut espérer des récoltes passables. Cependant, fumer, fumer, et encore fumer est le pivot de ce mode d’agriculture comme de tout autre.

Il y a quelques cantons de la France dont le sol est argileux, comme celui dont il est ici question, et qui ont de toute ancienneté eu d’excellens systèmes d’assolemens, dans lesquels les jachères sont complètement inconnues. Les départemens du Nord, du Pas-de-Calais, de la Dyle, de l’Escaut, c’est-à-dire l’ancienne Flandre, les départemens du Haut et du Bas-Rhin, du Lot et de la Haute-Garonne, sont principalement dans ce cas. On dit partout que ces départemens sont privilégiés, et que si on employoit cette même culture dans des terrains de qualité inférieure, on n’en obtiendroit pas des résultats avantageux, quoique tout le monde sache qu’il est beaucoup d’autres départemens où il se trouve des terres de même nature que celles qui viennent d’être mentionnées ; il suffit de nommer ceux de l’Aisne, de la Somme, de l’Oise, de Seine et Oise, de l’Eure, du Calvados, de l’Orne, de la Seine-Inférieure, de Seine et Marne ; cependant, dans ces départemens on suit encore le désastreux système des jachères, ou, si on y pratique des assolemens, ce n’est que dans quelques fermes appartenantes à des hommes éclairés, dont les succès n’ont aucune influence sur leurs voisins. Je dis désastreux, car, que de richesses qui pourroient naître annuellement dans ces départemens, et qui sont perdues par ce seul fait !

C’est à l’adoption du système de l’assolement de la Flandre que l’Angleterre doit en grande partie sa prospérité actuelle. En effet, ce système ayant doublé les produits de son agriculture, a dû nécessairement produire une augmentation dans sa richesse, son commerce, sa population et tous les moyens de force qu’elle amène toujours. La possibilité d’élever un plus grand nombre de bestiaux par l’alternat des récoltes de fourrages, avec des récoltes propres à la nourriture des hommes, est seule un avantage immense. Sans bestiaux, point d’agriculture, et sans agriculture, point de bestiaux, puis-je dire d’une manière géniale ; car doit-on appeler agriculture, des cultures coûteuses que l’on fait à bras d’hommes dans certains cantons, et bestiaux, le petit nombre de vaches étiques et de chevaux foibles qui se disputent quelques brins d’herbes sur des jachères ou le long des chemins, dans la plupart de nos départemens ? C’est en imitant les habitans des départemens dénommés plus haut, non servilement, mais d’une manière appropriée à la différence du sol, des abris, des besoins locaux, etc., etc., que le reste de la France peut espérer de s’élever à un haut degré de puissance. L’intérêt de tous les bons Français est donc de faire simultanément les plus grands efforts pour éclairer ceux de leurs concitoyens qui ne reconnoissent pas les avantages immenses qu’il y a à remplacer les jachères par de bons assolemens.

(Bosc.)


SUINT. La transpiration a été de tous temps regardée, par les physiologistes et les médecins, comme un des phénomènes les plus importans de l’économie animale ; aussi a-t-elle donné lieu à un grand nombre de recherches qui nous ont fait connoître ses rapports avec les différentes fonctions organiques, et qui nous ont fourni des idées bien précises sur sa composition, dont nous sommes redevables aux travaux de MM. Lavoisier, Fourcroy et Berthollet. On a pu voir alors combien étoient fausses ces distinctions admises entre la sueur et la transpiration, qui toutes deux, semblables dans leur composition, sont encore fournies par les mêmes organes. Ces recherches ont aussi justifié l’analogie reconnue depuis long-