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tres. D’ailleurs, quelque disposition que montre un jeune limier, il ne mérite confiance qu’après avoir été mené pendant une année entière et régulièrement deux fois la semaine.

Quand le limier que l’on dresse commence à se rabattre, on l’arrête de temps en temps pour l’affermir sur la voie et lui apprendre à suivre juste. Quand il reste ferme dans la voie, l’on doit raccourcir le trait jusqu’à la plate-longe pour le bien caresser, détourner ensuite des animaux et les lancer pour lui donner du plaisir, enfin, le ménager en ne lui permettant pas de trop longues suites, qui pourroient l’excéder et le rebuter.

Si un limier que l’on dresse pour le cerf se rabat d’un animal d’espèce différente, on le retire des voies, on le gronde et même on lui donne un coup de trait. Mais les corrections seront rares, sur-tout si le chien est d’un naturel craintif ; elles ne doivent jamais être trop rudes, et ne point aller jusqu’à la brutalité, ainsi que cela n’arrive que trop souvent.

Il ne faut pas trop presser le jeune limier ; on lui laisse le temps de mettre le nez à terre, de tâter de côté et d’autre. S’il porte le nez haut, soit parce qu’il a vu les animaux, soit parce qu’il va au vent, on l’arrête en lui donnant un coup de trait ; cette allure le feroit passer par-dessus les voies sans en rabattre. Si, dans les commencemens, le jeune limier donne de la voix lorsqu’il suit la piste du gibier, il faut le laisser faire ; mais quand il est tout à fait dans les voies, on l’empêche de crier, en le retenant, lui donnant des saccades et même des coups de trait ; on le caresse s’il s’apaise ; mais on redouble les avertissemens et les corrections s’il continue à donner de la voix, la première qualité du limier étant d’être secret. Le meilleur moyen de le rendre muet, lorsqu’il est en vigueur, est de lui donner de longues suites, tant au droit qu’au contre-pied. Les suites au contre-pied ont le double avantage de calmer son ardeur et de lui rendre le nez plus fin. Cependant on le retirera quand on s’appercevra qu’il se rabat de voies un peu vieilles : l’on doit être satisfait s’il se rabat de voies de trois ou quatre heures au plus.

Pour faire suivre à volonté le jeune limier au contre-pied comme au droit, on le laisse aller lorsqu’il se rabat, jusqu’au bout de son trait, puis on l’arrête ferme dans la voie, et on le fait revenir pour se rabattre également du côté opposé où on l’arrête de même ; s’il s’arrête ferme dans la voie, on l’encourage par des caresses.

Le limier qui marche toujours devant celui qui le mène, ne doit pas tirer trop fort sur son trait ; il suffit que ce trait soit assez tendu pour ne pas traîner à terre. L’on modère la trop grande ardeur du limier, en l’arrêtant de temps en temps par de légères saccades…

Il n’y a de valets de limier que dans les équipages des princes. Celui qui se chargera de conduire au bois un limier pour détourner, après lui avoir passé la botte au col, le mettra en quête, l’encouragera, et lui répètera à demi-voix, les paroles d’usage : Va outre (le nom du limier), Va outre ; allez devant, allez ; trouve l’ami, trouve ; hou l’ami, hou, hou, l’au, l’au, l’au. Si le limier paroît rencontrer et se rabattre, on lui dit, en l’appelant par son nom : Qu’est-ce que c’est que ça ? qu’est-ce que c’est que ça, l’ami ? hou, gare à toi ; là, valet, là. S’il se rabat d’un autre animal que de celui pour lequel il est destiné, on le retire par une saccade du trait ; on le gronde, en lui disant : fouais, mutin, fouais, vilain. Mais s’il se rabat sur la voie de l’animal que l’on cherche, on lui parle ainsi : Y va là sûrement, l’ami ; volcelets (le nom du chien) ; y après, y après. On continue à l’encourager par les mots : après, après, velai ; après l’ami ; il dit vrai ; après, après. Si le limier, en suivant les voies, a vent de l’animal, s’il lève le nez et pousse une espèce de sifflement, on lui raccourcit le trait, en lui disant : tout couais, (le nom du chien) tout couais, et on le retire de peur de faire lever l’animal. On marque la voie, chemin faisant, par des Brisées. (Voyez ce mot.) L’enceinte faite, le veneur revient à sa première brisée, en suivant le contre-