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qui ont fatigué plus ou moins les jarrets. L’humeur qui les constitue n’offre aucune poche ou réservoir particulier ; elle gît dans l’épaisseur des ligamens capsulaires, latéraux, le périoste, le tissu cellulaire des tégumens, les tendons, les os et les cartilages articulaires ; aussi tous les moyens capables d’assouplir les parties, de calmer l’inflammation, sont-ils employés avec le plus grand succès pour faire résoudre ce genre de tuméfaction. (V. Gourme)

Relativement au vésigon, l’humeur synoviale surabondante n’est pas le seul obstacle à vaincre, il faut de plus resserrer les ligamens capsulaires, et rendre aux vaisseaux absorbans la faculté de repomper la surabondance de l’humeur synoviale ; ainsi, lors même que l’humeur du vésigon seroit évacuée par le moyen d’une ponction subite, elle ne se renouvelleroit pas moins par une nouvelle filtration peu de temps après ; d’où il résulte que cette maladie doit être envisagée en quelque sorte comme une hydropisie de l’article, et traitée comme telle.

Les vésigons simples, lorsqu’ils sont petits, attirent bien rarement l’attention des propriétaires. Cependant, pour les empêcher d’augmenter, il est nécessaire qu’une ferrure raisonnée établisse l’articulation du jarret sur son véritable point de force ; et pour les résoudre, il faut recourir à des frictions d’huile essentielle de lavande alternées avec des frictions de baume de Fioraventi éthéré. Lorsque leur volume exige de plus grands moyens, les vésicatoires appliqués de manière à exciter une grande exsudation, sans insulter les tégumens, et après leur effet passé, l’emploi des frictions qui viennent d’être prescrites, seront presque toujours suivis de succès, pourvu que l’angle de l’articulation du jarret ait le degré moyen d’ouverture qui lui convient.

Mais lorsque le volume du vésigon outre-passe celui de la moitié d’un œuf d’oie, ou qu’il en approche, tous ces moyens seroient insuffisans : il faut donner issue à l’humeur synoviale en fortifiant les ligamens capsulaires et les vaisseaux absorbans.

Cette tumeur n’ayant aucun caractère de douleur ni d’inflammation, ainsi que nous l’avons observé, il faul faire naître l’une et l’autre avec assez de méthode, pour que ce type inflammatoire opère l’effet désiré, sans être assez violent pour s’étendre aux parties osseuses et cartilagineuses qui composent l’articulation du jarret.

L’animal et la partie malade doivent être préparés à l’opération méditée : il faut tenir le ventre libre, tant par une nourriture de facile digestion, que par des lavemens émolliens ; le cheval sera placé dans une écurie très-saine et dont le sol soit sur un plan absolument horizontal ; il sera déferré des quatre pieds, et ils seront parés de manière que l’animal soit le plus d’aplomb qu’il sera possible.

Et en ce qui concerne la partie à opérer, ou lui fera prendre des bains d’eau de son, matin et soir, à l’effet d’assouplir la peau et toutes les parties de l’articulation ; pendant l’usage de ces bains, on la frottera à différentes reprises et longtemps, pour donner à toutes les parties la souplesse dont elles ont besoin. L’usage de ces bains doit être continué l’espace de sept à huit jours ; alors on choisit un beau temps pour abattre l’animal sur une bonne litière et pratiquer l’opération de la cautérisation : elle doit se faire le matin, l’animal étant à jeun et n’ayant pas eu à souper la veille.

L’artiste se munit de deux espèces de cautères actuels, les uns tutélaires et les autres à bouton. Ces cautères, préparés ainsi que l’art le prescrit, seront tous chauffés au même degré, c’est-à-dire,