sa grosseur, depuis cinquante jusqu’à quatre-vingts et même cent grains de maïs humecté. Continuez dix ou quinze jours de suite, et vous aurez des pigeons d’une graisse aussi fine que celle des plus belles volailles du monde. Il n’y aura de différence que dans la couleur. Je puis certifier le succès de cette recette.
Les pigeons, comme tous les autres animaux, ne sont pus exempts de maladies. Il n’est pas douteux que ceux qui sont captifs n’y soient plus sujets que les pigeons fuyards, qu’ils n’en aient même qui soient inconnues à ces derniers, et qui appartiennent à la condition domestique, laquelle a cependant pour eux quelques avantages, quoi qu’on en dise. Nous ne dirons que deux mots sur les maladies, parce qu’il faudroit énoncer leurs symptômes et le traitement qu’il faut leur faire subir, et qu’il nous manque à cet égard des données certaines.
La goutte, la mue même, est pour le pigeon captif une maladie souvent aussi cruelle que la dentition l’est pour d’autres animaux. Quelquefois un pigeon meurt après avoir long-temps souffert, faute d’avoir pu se défaire de trois ou quatre plumes de l’aile. On peut prévenir cette mort en prenant l’individu, et en lui arrachant les plumes avec soin, de peur de les rompre ou de déchirer les parties adhérentes par un mouvement trop brusque et trop fort.
Quelques pigeons sont tellement avides, qu’ils se gorgent d’alimens, au point que, ne pouvant pas être digérés, ils restent dans le jabot, s’y corrompent, et font souvent mourir l’animal. Cela arrive souvent, sur-tout lorsqu’ils ont été trop long-temps sans manger. Dans ce cas, on les renferme dans un bas, qu’on attache à un clou, de manière qu’ils aient les pieds inférieurement. Dans cette position, on ne leur donne qu’un peu d’eau de temps en temps. Mais ce procédé manque quelquefois ; alors on est obligé de fendre le jabot avec une paire de ciseaux bien pointus, ou un canif ; on retire l’aliment corrompu, on lave, et on le recoud. Cette méthode a souvent réussi, mais elle fait perdre au jabot sa forme ronde. Quelques personnes font une ligature qui intercepte la partie du jabot, qui contient la nourriture non digérée, et elles la laissent jusqu’à ce qu’elle tombe d’elle-même, emportant avec elle la partie du jabot qu’elle entouroit. On sent aisément les suites d’un semblable moyen, qui, au reste, est immanquable.
Les pigeons sont quelquefois attaqués par une espèce d’insecte, qui dévore sur-tout les pigeonneaux qui viennent d’éclore. Ces insectes, connus vulgairement sous le nom de punaises des pigeons, leur sont d’autant plus funestes, qu’ils s’introduisent dans leurs oreilles, et les privent entièrement du repos nécessaire à leur santé et à leur accroissement. Pour y remédier, il faut semer dans le nid de la poudre de tabac, et en répandre aussi sur les pigeonneaux ; par ce moyen, on parviendra à les détruire.
Aux îles de France et de la Réunion, les pigeons sont aussi tourmentés par des espèces de punaises qui nuisent à leur multiplication ; mais on les détruit en mettant dans le pigeonnier un panier que l’on remplit d’herbes quelconques ; au bout de quelques jours on retire ces herbes, dans lesquelles ces insectes n’ont pas manqué de se réfugier, et on les jette au feu ; par ce moyen, aussi simple qu’économique, on parvient à en délivrer les pigeons.
Les pigeons ne sont pas non plus exempts des maladies contagieuses. M. Lendormy, médecin célèbre à Amiens, a remarqué que la cause qui a ravagé, il y a quelques années, les colombiers dans les environs de Montdidier, dépendoit en partie des cendres rouges vitriolique employées sur les terres comme engrais, et que le pigeon avaloit pour amour pour tout ce qui est salé, d’où il résulte nécessairement du désordre dans l’économie animale.
Le moyen de prévenir les maladies des pigeons consiste, nous le répétons, à maintenir dans le colombier une extrême propreté, à le laver, à le blanchir quelquefois au lait de chaux, et à n’y pas laisser séjourner trop long-temps la colombine. En un mot, tout ce qui peut prévenir le méphitisme et écarter les vermines, contribue essentiellement à conserver les pigeons dans l’état de santé et de vigueur. (Parmentier.)