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INTRODUCTION.
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V. Les sources. — Les sources sont toujours orales. Ce sont la plupart du temps des récits de Pierre l’Ibère[1] ; quelques récits proviennent des personnes de son entourage (ch. 7, 9, 10, 11, 16, 20, 44), ou sont recueillis directement par l’auteur (ch. 14, 21 à 24, 26, 47, 51, 88, 89) ; il est très rare qu’il invoque un témoignage écrit (ch. 10, fin, 36, 89). Les seuls chapitres 55 et 59 sont théoriques et ont pour but, non de raconter une anecdote, mais de justifier les jacobites auxquels on reprochait de n’être qu’un petit groupe et de ne former qu’un schisme dans l’Église. En somme, Jean Rufus a rédigé en grec, peu après 512, avec quelques anecdotes personnelles, celles qu’il avait recueillies de la bouche de Pierre l’Ibère ainsi que des moines et des visiteurs de la laure de Maïouma, près de Gaza, dont il était évêque. C’est un recueil d’Apophthegmes d’un nouveau genre, qui a pour but, non d’édifier, mais de combattre le concile de Chalcédoine et ses défenseurs.

VI. Le style. — L’ouvrage est chargé de mots et de formes d’origine grecque, comme on peut le voir en parcourant la Table des mots étrangers. La traduction est parfois servile au point de conserver le cas des noms propres : à côté du nominatif ܬܒܐܝܣ, 761, ou ܬܐܒܝܣ, 787, on trouva l’accusatif ܬܐܒܝܪܐ, 1711-15 ; ܣܠܛܘ et ܛܐܓܘܢ sont les génitifs de Σάλτων ou Σαλτόν, p. 100 et 177 et de Ταγαί, p. 54 ; ܦܛܠܡܝܕܐ, 992, est l’accusatif de Πτολεμαἷς, comme ܐܦܬܘܪܝܕܐ, 1266, est l’accusatif de Άφθορίας. D’autres fois la traduction s’écarte du texte, on s’en rend compte à ses difficultés, aux altérations de certains noms propres, comme Pamprépios devenu ܦܢܘܦܪܘܦܝܘܣ, 4312, et surtout aux modifications des textes bibliques, p. 151, 153. L’Écriture sainte n’est pas citée d’après les traductions antérieures : le traducteur syrien traduit directement le texte grec qu’il a sous les yeux. Le manuscrit A met des guillemets en face des citations bibliques.

Les manuscrits portent en général les formes pleines du parfait pluriel ܩܡܘܢ, 1176, pour ܩܡܘ ; ܐܬܬܣܝܡܝܢ, 1179-11, pour ܐܬܬܣܝܡܝ ;

  1. Voir le résumé de l’histoire de ce personnage, infra, p. 11, note 2 et Patr. or., t. II, p. 219-223. Nous renverrons plusieurs fois à Richard Raabe, Petrus der Iberer, in-8°, Leipzig, 1895 (édition et traduction allemande de la Vie syriaque de Pierre). Pierre l’Ibère était fêté chez les jacobites au 25 Novembre et au 1er Décembre, d’après le Martyrologe de Rabban Sliba, dans Analecta Bollandiana, t. XXVII (1908), p. 168, 169. La seconde date convient sans doute seule (cf. Land, Anecd. syr., t. III. p. 346).