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CIII. — SUR SILVAIN.

ἤρξατο γελᾷν. Λέγει αὐτῷ ὁ γέρων· « Ἄφες ταῦτα ἄρτι ϰαὶ εἰπέ μοι τὸ ϰάθισμα σου. » δὲ πάλιν ἐγέλα. Λέγει αὐτῷ ὁ ἀββᾶς Σιλουανός· « Οἶδας ὅτι χωρὶς σαββάτου ϰαὶ ϰυριαϰῆς οὐϰ ἐξέρχομαι ἐϰ τοῦ ϰελλίου, ἀλλὰ νῦν ἦλθον εἰς τὸ μέσον τῆς ἑβδομάδος, ὁ γὰρ Θεὸς ἀπέστειλέ με πρὸς σέ. » Φοβηθεὶς οὖν ἔβαλε μετάνοιαν τῷ γέροντι ϰαὶ λέγει αὐτῷ· « Συγχώρησόν μοι, πάτερ, ὅτι ϰατὰ πρωῒ ϰάθημαι ἔχων τὰς ψήφους ταύτας ἔμπροσθέν μου, ϰαὶ ἐὰν ἐπέλθῃ μοι λογισμὸς ἀγαθὸς, βάλω ψῆφον εἰς τὸ δεξιὸν μαλάϰιν, ἐὰν δὲ πονηρὸς, εἰς τὸ ἀριστερόν. Ἐσπέρας οὖν μετρῶ τὰς φήφους, ϰαὶ ἐὰν εὑρεθῶσι τοῦ δεξιοῦ πλείους, ἐσθίω· ἐὰν δὲ τοῦ ἀριστεροῦ, οὐϰ ἐσθίω. Καὶ τῇ ἐπαύριον πάλιν, ἐὰν ἐπέλθῃ μοι λογισμὸς πονηρὸς, λέγω ἐμαυτῷ· Βλέπε τί ποιεῖς, ὅτι πάλιν οὑϰ ἐσθίεις. » Ἀϰούσας δὲ ταῦτα ὁ ἀββᾶς Σιλουανὸς, ἐθαύμασε ϰαὶ εἶπεν· « Ὄντως, οἱ παραβαλόντες πατέρες ἅγιοι ἅγγελοι ἦσαν, τὴν ἀρετὴν τοῦ ἀδελφοῦ θέλοντες δημοσιεῦσαι, ϰαὶ γὰρ πολλὴ χαρὰ ϰαὶ εὐφροσὺνη γέγονέ μοι τῇ παρουσίᾳ αὐτῶν πνευματιϰή.

3. Une autre anecdote inédite, conservée dans le ms. 1596, p. 649, nous montre comment Silvain entendait la prière ; il était peu favorable aux offices chantés et voulait conserver la simplicité des pratiques égyptiennes : Un frère lui demandait comment il pourrait acquérir la componction, car il succombait à la négligence et au sommeil ; lorsqu’il se levait de nuit, il pouvait à peine dire l’antienne du psaume et tombait de sommeil. Silvain lui répondit : Dire les psaumes avec antiennes est un premier acte d’orgueil, comme pour dire « je chante ». Le frère ne chante pas, car le chant endurcit le cœur, le pétrifie et ne permet pas à l’âme d’arriver à la componction. Si tu veux donc l’acquérir, laisse le chant et, lorsque tu te mets en prières, que ton âme médite la portée du verset ; pense aussi que tu es devant Dieu qui sonde les cœurs et les reins. Lorsque tu t’éveilles, ta bouche avant tout louera Dieu et tu ne commenceras pas l’office aussitôt, mais tu sortiras de ta cellule et tu réciteras le Credo et le Pater noster qui es in cœlis. Après cela, tu rentreras et tu commenceras l’office lentement, lentement, en gémissant, et en repassant tes péchés dans ton esprit, ainsi que la punition que tu devras endurer.

Le frère répondit : Depuis que je suis solitaire, père, je chante l’ordre de l’office, ainsi que les heures et les (hymnes) de l’octoéchos. Et le vieillard dit : C’est pour cela que la componction et l’affliction te fuient. Pense aux illustres Pères, combien ils étaient peu instruits, ils ne savaient que quelques psaumes. Ils ne connaissaient ni antiennes ni tropaires, et ils brillaient comme des astres dans le monde. L’abba Paul, l’abba Antoine, Paul le simple, l’abba Pambo, l’abba Apollo et tous les autres confirment ma parole, eux qui ont même ressuscité des morts et qui ont prévalu contre le démon, non avec des chants, des tropaires et des antiennes, mais avec la prière et le jeûne. Ce n’est pas la beauté du chant qui peut sauver l’homme, mais la crainte de Dieu et l’observance des commandements du Christ. Le chant en a précipité beaucoup au fond des enfers, non seulement des séculiers, mais aussi des