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JEAN RUFUS. — PLÉROPHORIES.



venin dangereux ; il portait, comme je l’ai dit, un livre[1] dans sa main droite ; il le leva et avec colère il m’en frappa sur l’œil ; et il me causa une douleur si cruelle que je crus mon œil arraché et tombé à terre ; mais par un bienfait de Dieu, cela n’eut pas lieu. Quand les frères entrèrent chez moi au matin, ils virent comme une goutte de sang et de chair, qui était molle et tombait de mon œil, et (ils remarquèrent) que d’une façon générale l’œil était entièrement éteint et qu’il ne s’y trouvait plus rien de sain de son aspect antérieur ; tout entiers aux larmes et à la tristesse, ils me demandaient de leur permettre de faire usage des bains et des autres moyens ordinaires capables de guérir ces maux ; ils pensaient toujours en effet que cela provenait d’un catarrhe[2] ou d’une cause analogue. Je ne les laissai pas faire, leur disant : « Je sais comment cela m’est arrivé ; aussi n’entrez pas en discussion (avec moi à ce sujet) et ne m’importunez pas ; car mon seul médecin est Celui qui est au ciel. » Après avoir persévéré dans la patience, m’être prosterné devant le Seigneur et avoir imploré sa miséricorde, son secours me vint en effet ; notre Dieu Jésus-Christ m’apparut en personne, il mit sur mon œil ses mains sans tache et il me guérit ; il me fit voir et il me

  1. τόμος.
  2. ῥεῦμα.