Page:Rugendas - Voyage pittoresque dans le Brésil, fascicule 1, trad Golbéry, 1827.djvu/13

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primitives qui couvrent leurs flancs moins escarpés, la lisière de ces forêts, d’un vert obscur, et qui sont surmontées des pointes du roc, est elle-même entourée d’une ceinture d’arbres d’une moindre proportion : là sont des palmiers de la petite espèce, des lauriers, et plus près du rivage encore ils font place à un grand nombre de buissons, à fleurs odorantes et à des plantes vivaces.

L’espace laissé par cette guirlande, dont les fleurs ceignent la forêt primitive, est sablonneux, et le bord de la mer est dépourvu de végétaux élevés : en revanche il y a beaucoup de plantes rampantes, qui se distinguent soit par la couleur de leurs fleurs, soit par la forme de leurs feuilles. L’herbe jaunâtre, dure et piquante du rivage, se rencontre partout ; il y a néanmoins de vertes prairies, surtout à l’embouchure des fleuves : parfois aussi on voit des lagunes entourées de bancs de sable ou de marais, dont les buissons et les roseaux sont impénétrables. Ajoutez-y des groupes de palmiers et la vue de la mer, et vous aurez achevé ce tableau des côtes près de Rio-Janeiro, où la Serra-do-Mar se présente dans sa plus grande élévation et s’approche le plus du rivage. La première planche offre à la vue la Playa-Rodriguez au sud de Rio-Janeiro.

Plus les montagnes s’écartent du rivage et s’abaissent vers le nord, en se perdant au milieu des collines intérieures, plus la côte devient nue et sablonneuse. Souvent le voyageur, pendant plusieurs journées, ne trouve que d’humbles collines de terre glaise ou de véritables déserts de sables mouvans, ou bien des herbes desséchées. Il y a de distance en distance des arbres d’un vert foncé, dont la feuille touffue a la consistance du cuir. Rarement on rencontre des citernes d’eau saumâtre, ou bien, sur le bord de rivières laissées à sec, quelques cabanes misérables, dont les habitans osent à peine espérer de survivre à la faim qui les menace, tandis que leurs bestiaux décharnés demandent en mugissant une nourriture et un breuvage qui leur sont refusés. Çà et là on voit parmi le sable des accidens singuliers de rochers, dont les formes, ainsi que les débris des coquillages mêlés au sable, permettent de croire que la mer s’étendait sur ces contrées ; et même, dans la saison des pluies, l’eau les couvre encore. Ce n’est qu’au bord des grands fleuves, et plus loin vers l’intérieur, que ces déserts se changent en forêts et en campos d’une riche végétation, tandis qu’à l’embouchure des Amazones ils font place à des marais immenses et impénétrables.

Il n’est pas plus possible de donner une description qui convienne généralement à tous les rivages des fleuves. D’abord, ainsi que l’assurent MM. Spix et Martins, chacun, des grands fleuves paraît avoir sa végétation particulière. Nous attendons avec impatience les détails qu’ils doivent donner dans le second volume de leur intéressant