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vallées voisines ; et de l’autre, de sombres rochers et une contrée aride et sauvage. Cela donne à la ville un charme particulier, qui s’accroît encore de l’activité de ses habitans. Toutes les rues sont pavées, les boutiques sont bien pourvues de marchandises d’Europe, d’étoffes et d’articles de luxe. Il ne manque d’ouvriers pour aucun métier, et les peintures qu’on voit dans quelques églises riches et belles, révèlent même l’existence d’artistes indigènes.

Quoiqu’il y ait dans les environs de San Joao de l’or, et que la ville possède une fonderie et des employés de mines, elle doit beaucoup plus encore son aisance et ses 8000 habitans au commerce d’autres produits, commerce qu’entretient le passage des tropas de l’intérieur, et surtout des villes de Favinha et de Tumandua ; ce passage assure aussi les moyens d’exportation vers la côte. Quelque sauvages que paraissent au premier coup d’œil les environs de San Joao, les plantations éparses dans les vallées voisines fournissent une grande quantité de fruits, de légumes, de maïs et de pisang. Elles produisent aussi du tabac, du sucre et un peu de laine ; tandis que les montagnes plus éloignées et les pâturages approvisionnent le marché de San Joao de bêtes à cornes, de porcs, de viandes séchées et de lard. De là ces articles sont conduits à Rio Janeiro, à San Paulo, à d’autres ports et à d’autres endroits de la côte, et les tropas rapportent en retour des marchandises d’Europe, du sel, du vin et de l’huile.

Tout près de San Joao il y a un village fort agréable, Arreal do Mattosinho : il est sur la route que l’on suit pour aller à San Joze et à Barbacena. Sa belle exposition et le voisinage du Rio das Mortes, déjà navigable pour de grands canots, promettent à ce village plus de prospérité pour l’avenir que n’en ont les villes voisines, et surtout San Joao, lesquelles ne pourront s’agrandir, vu leur mauvaise situation.

Il y a de fort belles grottes de stalactites entre San Joao d’El Rey et la Villa do San Joze, qui était autrefois riche par les lessives qu’on y faisait subir à l’or ; mais elle s’est fort appauvrie. Sept de ces grottes communiquent les unes avec les autres ; elles sont dans une masse de montagnes isolée et rocailleuse, couverte de forêts d’une médiocre élévation, et qui est composée de pierre calcaire, genre de roche peu commun dans ces contrées. Les montagnes y sont la plupart composées de couches de gneis, sur lequel s’élèvent le thonschiefer, le schiste micacé, le grès, et enfin le fer oxidé rouge aurifère et le schiste ferrifère.

Le Rio das Mortes, qui se jette dans le Parana, rappelle par son nom les combats des audacieux Paulistes, qui les premiers pénétrèrent dans ces montagnes si riches en or, et qui, après avoir exterminé les indigènes ou les avoir repoussés dans l’inté-