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ces mesures, la tentation est d’ailleurs trop forte pour ne pas essayer toute sorte de moyens afin de faire passer en province et transporter dans les ports la poudre d’or, sans qu’elle subisse la retenue du cinquième ; sa valeur y est en outre de 20 ou 30 pour cent plus grande. Ces mesures et les vexations des employés ne servent qu’à opprimer le commerce légitimé, et cependant ce commerce, ainsi que le trafic des autres productions, gagne en importance et en profit dans la proportion de l’affaiblissement du produit de l’or. Au total, la province de Minas Geraes n’est ni moins populeuse, ni moins aisée. L’éducation du bétail et l’agriculture ont procuré du travail et une profession assurée à la partie de la population que le travail de l’or avait appauvrie ; Barbacena, Sainte-Lucie, et surtout les planteurs de Matto dentro, sont arrivés à une grande aisance, tandis que les districts uniquement voués à la récolte de l’or, tombaient en décadence. Nous dirons la même chose de Sabara, ville de près de 7 000 habitans : autrefois elle était bien plus riche et bien plus peuplée, et maintenant elle porte tous les symptômes du dépérissement. Arrayal Catas Altas, au nord de Villa-Rica, près de la Serra nossa Senhora Mai dos Homens est un des endroits qui s’étaient le plus distingués par leur richesse en or. À quelques lieues plus loin sont Brumado et Congo Socco, où maintenant encore le produit de l’or est du plus abondant.

Du reste il n’est pas douteux qu’une meilleure organisation de toutes les branches de l’exploitation des mines ne ramenât aussi à un état plus florissant cette partie si essentielle de la richesse nationale du Brésil ; on peut espérer que le gouvernement actuel fera les améliorations nécessaires avec cette fermeté, cette intelligence qu’il a si souvent déployées pour d’autres réformes. Cet objet est d’autant plus important, que l’or n’est pas la seule richesse des montagnes de Minas Geraes. Dans presque toute la province le minérai de fer se trouve comme partie constituante de longues chaînes de montagnes ; le plomb, le cuivre, le platine, le vif-argent, l’arsenic, l’antimoine, le bismuth, etc., se trouvent en beaucoup d’endroits, et promettent un riche produit à quiconque les exploitera avec intelligence. Il y a aussi des pierres précieuses de tout genre : des topazes des couleurs les plus variées, des tourmalines, des améthystes, des aigue-marines, des grenats, des cristaux, etc. ; on les trouve surtout à Minas novas, et le diamant existe à Tejuco et à Abaité.

Les diamans surtout abondent dans une contrée située à 70 lieues au nord de Villa-Rica ; ils se trouvent dans une espèce de nagelflue, et voici comment on les prend : on brise le roc et on concasse ses fragmens ; ces cascalhas sont recueillis dans de larges assiettes de bois par des esclaves assis au bord de l’eau ; ils les examinent avec