Page:Rugendas - Voyage pittoresque dans le Brésil, fascicule 7, trad Golbéry, 1827.djvu/7

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partie du Brésil, sans qu’on puisse dire avec certitude où ils allaient, ni ce qu’ils sont devenus. Néanmoins, il y a lieu de conjecturer qu’il en existe encore des restes dans les forêts primitives des Amazones : quelques auteurs assurent qu’une partie de ces Tupinambas s’est montrée au Pérou.

Si l’on en excepte cet événement, et la part glorieuse que prirent les Indiens à la guerre des Portugais contre les Hollandais, dans la province de Pernambuco, il n’y a dans l’histoire des peuples indigènes aucun fait, aucune époque marquante. Ces peuples sont toujours en guerre, soit entre eux, soit avec les Portugais. Mais les vicissitudes de ces guerres sont absolument sans intérêt : l’histoire des progrès de la puissance portugaise n’en aurait pas davantage ; il suffit d’indiquer les rapports généraux des peuples primitifs avec les Portugais et avec la civilisation.

Les relations des plus anciens voyageurs, par exemple de Lery, de Staden, etc., démontrent qu’à l’époque de la conquête, les habitans primitifs du Brésil étaient parvenus à un degré de civilisation plus élevé que celui où nous les voyons aujourd’hui. La raison principale de ce changement défavorable est, sans doute, dans leurs communications avec les Portugais. Beaucoup de voyageurs ont regardé les peuples actuels du Brésil comme étant encore dans l’état de nature, ou bien ils les ont considérés comme arrivés seulement au premier degré de la civilisation. D’autres, au contraire, parlent des funestes effets produits par la civilisation européenne sur ces sauvages, et soutiennent qu’ils sont incapables de la recevoir. Ces vues cependant sont fausses : les Indiens ne sont pas des hommes de la nature ; ils sont moins des sauvages que des hommes qui ont rétrogradé vers cet état : on les a repoussés violemment du point auquel ils étaient parvenus. Des guerres sanglantes et des vengeances cruelles ont, pendant des siècles, retenu ces peuples dans un état d’abrutissement qui ne saurait être celui de la nature, lequel suppose l’existence d’une liberté de développemens intellectuels et physiques. Quant à la civilisation européenne, il faudrait, pour en juger, que les Portugais en eussent réellement fait l’essai ; mais on ne tenta que rarement, et depuis peu de temps, de la communiquer aux habitans du Brésil. Les Portugais n’ont fait absolument que détruire la civilisation qu’ils ont trouvée établie, comme ils détruisaient les peuples eux-mêmes. L’état actuel des Indiens ne peut donc conduire à aucun résultat sur leur aptitude à la civilisation. Pour bien apprécier ce sujet, il faudrait peut-être s’écarter des idées européennes, il faudrait tourner ses regards vers le Pérou et Cundinamarca. Ce n’est point ici le lieu d’établir des comparaisons entre la civilisation du Pérou et celle de l’Europe : peut-être ces comparaisons exigeraient-elles un juge étranger aux deux contrées ; car, d’un côté, de