Page:Rugendas - Voyage pittoresque dans le Brésil, fascicule 8, trad Golbéry, 1827.djvu/11

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marchandises, non-seulement tout ce qu’elle trouvait dans les deux Indes, mais encore une foule de produits particuliers à cette partie du monde. Il est vrai que le développement complet de ces avantages ne peut être que le résultat de beaucoup d’années ; mais ce doit être précisément un motif de ne pas perdre un instant et d’écarter de suite tout ce qui s’opposait jusqu’à présent à ces progrès. L’abolition de la traite est et demeurera toujours la condition essentielle de ce mieux-être.

Parmi les mesures que les Anglais ont prises pour parvenir à ces avantages, la plus digne d’être citée est l’établissement d’une colonie de Nègres libres à Sierra-Léone : sa prospérité, sous l’empire des circonstances les plus défavorables, autorise à concevoir les plus belles espérance pour l’avenir. Les traités conclus à Madagascar avec Radama, le plus puissant prince des Noirs, ne sont pas moins importans : dans tout ce qu’on a de relations sur ce Radama, il est représenté comme un homme vraiment extraordinaire ; il a fait faire en peu d’années des progrès surprenans à la civilisation de son peuple, et bien que de pareils germes de civilisation de quelques tribus sauvage de Nègres n’excitent souvent que les railleries d’un vulgaire léger et frivole, tout homme qui, dans l’histoire de l’esprit humain, juge sans prévention la naissance et la marche des révolutions, considérera ces commencemens sous leur véritable jour. On peut les comparer avec les premières et maigres formations de végétaux qui s’établissent sur la roche de granit, et qui s’enlacent par d’imperceptibles mousses, jusqu’à ce qu’enfin elles fassent éclater le roc et le changent en terreau fertile.

Le système que l’Angleterre a suivi dans cette circonstance relativement à la côte occidentale d’Afrique, promit sous tous les rapports des avantages plus durables que ceux qu’on obtiendrait par une implantation immédiate de la civilisation ou par des établissemens anglais proprement dits, tels que ceux de la côte orientale. Favoriser le développement libre de tous les élémens qui se trouvent dans le pays, pour constituer l’ordre civil, la richesse, la civilisation ; apporter dans toutes les relations avec les naturels la plus exacte justice, la plus grande humanité ; éviter soigneusement chaque occasion de vaincre ou de conquérir : tels sont les principes auxquels doit s’attacher la politique commerciale anglaise, et l’on a tout lieu d’espérer que le gouvernement les a reconnus, qu’il les observera ; enfin, que l’histoire de la domination anglaise dans l’Inde orientale servira de leçon pour la politique future à suivre envers l’Afrique. La guerre contre les Ashantès a déjà montré clairement combien il est difficile, combien il est impossible même à une puissance qui, proportion gardée, s’est montrés aussi supérieure que l’Angleterre, de conserver toujours ses avantages après la prise de possession et les