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diait en Allemagne, en Espagne, en Turquie et en Barbarie[1] ! »

Velours de toutes couleurs, colombettes irisées comme des perles (je me demande ce qu’elles pouvaient être ?) et envoyées pour lutter contre les tapis bigarrés du Turc et briller sur les tours arabesques de Barbarie[2] ! N’est-ce pas là une période de l’ancienne vie provinciale picarde faite pour exciter l’intérêt d’un voyageur anglais intelligent ?

Pourquoi cette fontaine d’arc-en-ciel jaillissait-elle ici près de la Somme ? Pourquoi une petite fille française pouvait-elle ainsi se dire la sœur de Venise et la servante de Carthage et de Tyr ?

Et si elle, pourquoi aucun autre de nos villages du nord, n’a-t-il pu faire de même ? Le voyageur intelligent a-t-il sur son chemin de la porte de Calais à la gare d’Amiens distingué quoi que ce fût au bord de la mer ou dans l’intérieur des terres qui paraisse particulièrement favorable à un projet artistique ou à une entreprise commerciale ? Il a vu lieue par lieue se dérouler des dunes sablonneuses. Nous aussi nous avons nos sables de la Severn, de la Lune, de Solway. Il a vu des plaines de tourbe utile et non sans parfum, un article

  1. M. H. Dusevel, Histoire de la ville d’Amiens, Amiens, Caron et Lambert, 1848, p. 305. — (Note de l’Auteur.)
  2. Carpaccio, lorsque, représentant une fête dans une ville, il veut donner une impression de grande splendeur, a recours aux draperies déployées aux fenêtres. — (Note de l’Auteur.)

    Dans aucune des deux grandes études que Ruskin a consacrées à Carpaccio (Guide de l’Académie des Beaux Arts à Venise et dans le Repos de Saint-Marc, l’Autel des Esclaves), je n’ai trouvé cette remarque. Ceci vient à l’appui de ce que je dis dans l’introduction, p. 60 et 61 de ce volume. Je n’ai pas souvenir qu’il en soit question non plus dans les pages de Fors Clavigera consacrées à Carpaccio (Fors Clavigera, lettre 71.) — (Note du Traducteur.)