bien disciplinée sous le commandement de l’amant de sa sœur aînée, Edmond, fils bâtard du comte de Glocester, elle fut elle-même vaincue, jetée en prison et bientôt après étranglée par les ordres de sa sœur adultère. Le vieux roi mourut en recevant la nouvelle de sa mort ; et ceux qui participèrent à ces crimes reçurent bientôt après leur récompense ; car les deux méchantes reines se disputant l’amour du bâtard, celle qu’il regardait avec le moins de faveur empoisonna l’autre et après se tua. Edmond reçut ensuite la mort de la main de son frère, le fils légitime de Glocester, sous l’autorité duquel, ainsi que celle du comte de Kent, le royaume demeura pendant plusieurs années. »
Imaginez cet exposé succinctement gracieux de ce que les historiens considèrent être les faits, orné de gravures sur bois aux dures oppositions de blanc et de noir qui représenteraient le moment où on arrache les yeux à Glocester, le délire de Lear, la strangulation de Cordelia et le suicide de Goneril, et vous avez le type de l’histoire populaire du xixe siècle, qui, vous pouvez vous en apercevoir après un peu de réflexion, est une lecture aussi profitable aux jeunes personnes (en ce qui concerne la teinte générale et la pureté de leurs pensées) que le serait la statistique de New Gate, avec cette circonstance infiniment aggravante que, tandis que le tableau des crimes de la prison enseignerait à une jeunesse réfléchie les dangers d’une vie basse et des mauvaises fréquentations, le tableau des crimes royaux détruit son respect pour toute espèce de gouvernement et sa foi dans les décrets de la Providence elle-même.
19. Des livres ayant de plus hautes prétentions,