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nuages pendant de longs jours de la rigoureuse année, des flaques sans profondeur, les infiltrations ou les méandres de cours d’eau ralentis, le noir dépérissement des bois en friche, pays difficile à habiter, impossible à aimer. Depuis cette époque l’intérieur des terres ne s’est guère amélioré[1]. Et des temps encore plus tristes sont maintenant venus pour leurs habitants.

11. Car au ve siècle ils avaient des troupeaux de bétail[2] à conduire et à manger, des terres qui étaient de vraies chasses non gardées, pleines de gibier et de cerfs et aussi des rennes apprivoisables, même dans le sud, des sangliers fougueux bons pour le combat, comme au temps de Méléagre, et ensuite pour le lard ; d’innombrables bêtes à fourrures dont on utilisait la chair et le pelage. Les poissons de la mer infinie à rompre leurs filets, des oiseaux innombrables, errant dans les cieux, comme cibles à leurs flèches aux pointes aiguës, des chevaux dressés à recevoir un cavalier, des vaisseaux, et non de taille médiocre, et de toutes sortes, à fond plat pour les flaques boueuses, à quille et à pont pour l’impétueux courant de l’Elbe et la furieuse Baltique d’un côté, au sud pour le Danube, qui fend les montagnes et le lac noir de Colchos.

12. Et ils étaient dans tout leur aspect extérieur et aussi dans toute leur force éprouvée, les puissances

  1. Voyez, d’une manière générale, toutes les descriptions que Carlyle a eu occasion de donner de la terre prussienne et polonaise, ou de l’extrémité des rivages de la Baltique. — (Note de l’Auteur.)
  2. Gigantesque — et pas encore fossile ! Voyez la note de Gibbon sur la mort de Théodebert : « le roi pointa sa lance — le taureau renversa un arbre sur sa tête — il mourut le même jour » (vii, 255). La corne d’Uri et son bouclier surmonté des hauts panaches du casque allemand attestent la terreur qu’inspiraient ces troupeaux d’aurochs. — (Note de l’Auteur.)