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interprétations

bois est la joie du Picard depuis sa jeunesse et autant que je sache jamais rien d’aussi beau n’a été taillé dans les bons arbres d’aucun pays du monde entier. C’est en bois doux et d’un jeune grain, du chêne, traité et choisi

    sans aucune espèce d’interruption (autant que nous sachions), causée par désaccord, ou décès, ou malhonnêteté, ou incapacité parmi ceux qui y travaillaient ensemble, maîtres ou serviteurs.

    Et une fois les comptes vérifiés par quatre membres du chapitre, il fut établi que la dépense totale était de 9.488 livres, 11 sous, et 3 oboles (décimes) ou 474 napoléons, 11 sous, 3 décimes d’argent français moderne, ou en gros 400 livres sterling anglaises.

    C’est pour cette somme qu’une troupe probablement de six ou huit bons ouvriers, vieux et jeunes, a été tenue en joie et occupée pendant quatorze ans ; et ceci, que vous voyez, laissé comme un résultat palpable et comme un présent pour vous.

    Je n’ai pas examiné les sculptures de façon à pouvoir désigner avec quelque précision l’œuvre de chacun des différents maîtres ; mais, en général, le motif de la fleur et de la feuille dans les ornements sont des deux menuisiers principaux et de leurs apprentis : le travail si poussé des récits de l’Écriture est d’Avernier, il est égayé çà et là de hors-d’œuvre variés dus à Trupin, et les raccords et les points ont été faits par les ouvriers ordinaires. Il n’a pas été employé de clous, tout est au mortier, et si admirablement que les jointures n’ont pas bougé jusqu’ici et sont encore presque imperceptibles. Les quatre pyramides terminales « vous pourriez les prendre pour des pins géants oubliés pendant six siècles sur le sol où l’église fut bâtie, on peut n’y voir d’abord qu’un luxe fou de sculptures et d’ornementation creuse, mais vues et analysées de près, elles sont des merveilles d’ordre systématique dans la construction réunissant toute la légèreté, la force et la grâce des flèches les plus célèbres de la dernière époque du moyen âge. »

    Les détails ci-dessus sont tous extraits ou simplement traduits de l’excellente description des Stalles et clôtures du chœur de la cathédrale d’Amiens, par MM. les chanoines Jourdain et Duval (Amiens, Vve Alfred Caron, 1867). Les esquisses lithographiques qui l’accompagnent sont excellentes et le lecteur y trouvera les séries entières des sujets indiqués avec précision et brièveté ainsi que tous les renseignements sur la charpente et la clôture du chœur dont je n’ai pas la place de parler dans cet abrégé pour les voyageurs. — (Note de l’Auteur.)