justesse fut si éphémère, qu’ici, de la nef au transept, bâti seulement dix ans plus tard, il y a déjà un petit changement dans le sens non de la décadence mais d’une précision plus grande qu’il n’est absolument nécessaire[1]. Le point où commence la décadence on ne peut pas, parmi les charmantes fantaisies qui suivirent, le fixer exactement ; mais exactement et indiscutablement nous savons que cette abside d’Amiens est la première œuvre d’une parfaite pureté de vierge — le Parthénon, encore en ce sens, — de l’architecture gothique.
12. Qui la bâtit, demanderons-nous ? Dieu et l’homme est la première et la plus fidèle réponse. Les étoiles dans leur cours la bâtirent et les nations. L’Athéné des Grecs a travaillé ici, et le Père des dieux romains, Jupiter, et Mars Gardien. Le Gaulois a travaillé ici, et le Franc, le chevalier normand, le puissant Ostrogoth, et l’Anachorète amaigri d’Idumée.
L’homme qui la bâtit effectivement se préoccupait peu que vous le sachiez jamais, et les historiens ne le glorifient pas ; tous les blasons possibles de coquins et de fainéants, vous pouvez les trouver dans ce qu’ils appellent leur « histoire » ; mais c’est probablement la première fois que vous lisez le nom de Robert de Luzarches. Je dis, il se préoccupait peu, nous ne sommes pas sûrs qu’il se préoccupât du tout. Il ne signe son nom nulle part, autant que je sache. Vous trouverez peut-être çà et là dans l’édifice des initiales
- ↑ Contre la trop grande perfection en art voyez notamment The Stones of Venice, II chap. III, § 23, 24 et 25 ; — contre le fini de l’exécution, The Stones of Venice, II, chap. vi, 20 et 21 : contre la précision excessive, Elements of Drawing, II, 104. — (Note du Traducteur).