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la bible d’amiens.

Le gonfalon (Gund, guerre ; fahr, étendard, d’après le Dictionnaire de Poitevin) est le drapeau qui dans la bataille signifie : en avant ; essentiellement sacré ; de là le nom de gonfalonier toujours donné aux porte-étendards dans les armées des républiques italiennes.

Il est dans la main de l’espérance, parce qu’elle combat toujours devant elle, allant à son but, ou au moins ayant la joie de le voir se rapprocher. La Foi et la Fortitude attendent, comme saint Jean en prison, mais sans être outragées.

L’Espérance est toutefois placée au-dessous de saint Jacques à cause des versets 7 et 8 de son dernier chapitre se terminant ainsi : « Affermissez vos cœurs, car la venue du Seigneur devient proche. » C’est lui qui interroge le Dante sur la nature, de l’Espérance (Par., c. xxv et voyez les notes de Cary).

8. B. Le Désespoir se poignardant[1]. Le suicide n’est pas considéré comme héroïque ni sentimental au xiiie siècle et il n’y a pas de morgue gothique bâtie au bord de la Somme.

9. A. La Charité portant sur son écu une toison laineuse et donnant un manteau à un mendiant nu. La vieille manufacture de laine d’Amiens avait cette notion de son but, qu’il fallait, notamment, vêtir le pauvre d’abord, le riche ensuite. Dans ces temps-là on ne disait aucune bêtise sur les fâcheuses conséquences d’une charité indistincte[2].

  1. Avant le xiiie siècle, c’est la Colère qui se poignarde. À partir du xiiie siècle, c’est le Désespoir. La transition est visible à Lyon, où le Désespoir est opposé encore à la Patience (Male). — (Note du Traducteur.)
  2. Parlant du caractère réaliste et pratique du christianisme dans le nord, Ruskin évoque encore cette figure de la charité