du Christianisme ; et les causes de décadence de cette foi et toutes les corruptions de ses pratiques stériles peuvent se résumer brièvement ainsi : l’habitude d’avoir sous nos yeux la mort du Christ, au lieu de sa vie, la méditation de ses souffrances passées substituée à celles de notre devoir présent[1]. »
Puis en second lieu, quoique le Christ ne porte pas sa croix, les prophètes affligés, les apôtres persécutés,
- ↑ Cf. Lectures on Art : « L’influence de cet art réaliste sur l’esprit religieux de l’Europe a eu des formes plus diverses qu’aucune autre influence artistique, car dans ses plus hautes branches, il touche les esprits les plus sincèrement religieux, tandis que, dans ses branches inférieures, il s’adresse, non seulement au besoin le plus vulgaire d’excitation religieuse, mais à la simple soif de sensations d’horreur qui caractérise les classes sans éducation de pays partiellement civilisés ; non pas seulement même à la soif de l’horreur, mais à un étrange amour de la mort qui s’est manifesté quelquefois dans des pays catholiques en s’efforçant que, dans les chapelles du Sépulcre, les images puissent être prises, à la lettre, pour de véritables cadavres.
Le même instinct morbide a souvent gagné l’esprit des artistes les plus puissants, et les plus imaginatifs, lui communiquant une tristesse fiévreuse qui dénature leurs plus belles œuvres ; et finalement, c’est là le pire de tous ses effets, c’est par lui que la sensibilité des femmes chrétiennes a été universellement employée à se lamenter sur les souffrances du Christ au lieu d’empêcher celles de son peuple.
Quand l’un de vous voyagera, qu’il étudie la signification des sculptures et des peintures qui, dans chaque chapelle et dans chaque cathédrale, et dans chaque sentier de la montagne, rappellent les heures et figurent les agonies de la Passion du Christ, et essaye d’arriver à une appréciation des efforts qui ont été faits par les quatre arts : éloquence, musique, peinture, sculpture, depuis le xiie siècle, pour arracher aux cœurs des femmes les dernières gouttes de pitié que pouvait encore exciter cette agonie purement physique car ces œuvres insistent presque toujours sur les blessures ou sur l’épuisement physique, et dégradent bien plus qu’elles ne l’animent, la conception de la douleur.
Puis essayez de vous représenter la somme de temps et d’anxieuse et frémissante émotion, qui a été gaspillée par