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bien que de saint Jean à Patmos, du commencement comme à la fin de la Révélation du Seigneur à Israël.

Il en fut ainsi, simplement — sévèrement — et sans interruption pendant les trois grands siècles du christianisme dans sa force (xie, xiie, xiiie siècles), et dans toute l’étendue de son empire, d’Iona à Cyrène et de Calpe à Jérusalem. À quelle époque la doctrine du Purgatoire a-t-elle été ouvertement acceptée par les docteurs catholiques, je ne sais, ni ne me soucie de le savoir. Elle a été formulée pour la première fois par Dante ; mais n’a jamais été acceptée un instant par les maîtres de l’art sacré de son temps ou par ceux d’aucune grande école, à quelque époque que ce soit[1].

  1. L’origine la plus authentique de la théorie du Purgatoire dans l’enseignement donné par l’art, se trouve dans les interprétations postérieures au xiiie siècle, du verset : « par lequel aussi Il alla et prêcha parmi les âmes en prison », se transformant graduellement en l’idée de la délivrance, pour les saints dans l’attente, de la puissance du tombeau.

    En littérature et en tradition, l’idée est à l’origine, je crois, Platonicienne, certainement pas Homérique, Égyptienne c’est possible, mais je n’ai encore rien lu des récentes découvertes faites en Égypte. N’aimant cependant pas laisser le sujet dans le dénuement absolu de mes propres ressources, j’ai fait appel à mon investigateur général M. Anderson (James R.) qui m’écrit ce qui suit :

    » Il ne peut pas être question de la doctrine ni de son acceptation universelle, des siècles avant le Dante, il en est fait mention cependant d’une façon assez curieuse dans le Summa theologiæ, comme nous l’avons dans une version plus récente ; mais je trouve par des références que saint Thomas l’enseigne ailleurs. Albertus Magnus la développe en grand, Si vous vous reportez à la Légende Dorée, au Jour de toutes les Âmes, vous y verrez comment l’idée est prise, comme lieu commun dans un ouvrage destiné au peuple au xiiie siècle. Saint Grégoire (le Pape) la soutient (Dial, iv, 38), dans deux citations scripturaires : (1), le péché qui n’est pardonné ni « in hoc seculo ni dans celui