Page:Ruskin - La Bible d’Amiens.djvu/336

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
336
la bible d’amiens.

et luttait ainsi pour faire du monde un monastère sans art, sans lettres et sans pitié[1].

Son effort violent éclata au milieu des furies d’une réaction de dissolution et d’incrédulité et reste maintenant la plus méprisable des reprises populaires et des emplâtres pour chaque accroc à la loi et déchirure de la conscience que l’intérêt peut provoquer ou l’hypocrisie déguiser.

57. À partir des querelles qui suivirent entre les deux grandes sectes de l’église corrompue au sujet des prières pour les morts et des indulgences pour les vivants, de la suprématie papale ou des libertés populaires, aucun homme, femme ou enfant n’a plus besoin de prendre la peine d’étudier l’histoire du Christianisme. Ce ne sont rien que les querelles des hommes, et le rire des démons parmi ses ruines. Sa vie, son évangile et sa puissance sont entièrement écrites dans les grandes œuvres de ses vrais croyants : en Normandie et en Sicile, sur les îlots des rivières de France et aux pentes gazonnées riveraines des fleuves anglais, sur les rochers d’Orvieto et près des sables de l’Arno.

Mais de toutes ces œuvres, celle dont les leçons parlent de la façon la plus simple, la plus complète et la plus imposante à l’esprit actif de l’Europe du Nord est encore celle qui s’élève sur les premières pierres d’Amiens[2].

  1. Comparez avec le Monastère lettré, artiste et doux de Saint-Jérôme, où les murs sont peints à fresque, dans la citation de Saint Marks Rest, que j’ai donnée pages 222, 223, 224. — (Note du Traducteur.)
  2. Ruskin dit ici « les pierres d’Amiens » comme autrefois il avait dit les pierres de Venise. Il a dit aussi dans Præterita : « Si le jour où je frappai à sa porte le portier de la Scuola san Rocco ne m’avait pas ouvert, j’aurais écrit les Pierres de Chamounix au lieu des Pierres de Venise. » — (Note du Traducteur.)