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ser la puissance des Dieux romains. Pendant les trois cents ans qui suivirent la naissance du Christ, ils n’entendirent le nom d’aucun autre Dieu.

Trois cents ans ! et ni apôtres ni héritiers de leur apostolat ne sont encore allés à travers le monde prêcher l’Évangile à toutes les créatures. Ici, sur son sol tourbeux, le peuple farouche se fiant encore à Pomone pour les pommes, à Silvanus pour les glands, à Cérès pour le pain, à Proserpine pour le repos, n’avait d’autre espérance que celle de la bénédiction de la saison par les Dieux de la moisson et ne craignait aucune colère éternelle de la Reine de la mort[1].

Mais, à la fin, trois cents années étant venues et passées, en l’an du Christ 301 vint en flanc de cette colline d’Amiens le sixième jour des ides d’octobre, le messager d’une nouvelle vie.

7. Son nom, Firminius (je suppose) en latin, est Firmin en français — c’est celui-là qu’il faut nous rappeler ici en Picardie : Firmin, pas Firminius ; de même que Denis, non Dyonisius ; venant de l’étendue — personne ne nous dit de quelle partie de l’étendue. Mais reçu avec une accueillante surprise par les Amiénois païens qui le virent — quarante jours — un grand nombre de jours pouvons-nous lire — prêchant agréablement et enchaînant aux vœux du baptême même des gens de la bonne société ; et cela dans des proportions telles, qu’à la fin il est traduit devant le gouverneur romain, par les prêtres de Jupiter et Mercure qui l’accusent de vouloir mettre le monde sens dessus dessous. Et le dernier

  1. Cf., dans Queen of the Air (I, 11), Proserpine appelée la Reine du Destin. — (Note du Traducteur.)