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Page:Ruskin - La Couronne d'olivier sauvage.djvu/93

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LES SEPT LAMPES DE L'ARCHITECTURE



CHAPITRE PREMIER

La lampe de sacrifice.

I. L’architecture est l’art d’arranger et de décorer les édifices élevés par l’homme quelle que soit leur destination, de façon que leur vue contribue à la santé, à la force et au plaisir de l’esprit.

Il est indispensable, dès le début de cette étude, d’établir avec soin une distinction entre l'Architecture et le Bâtiment ou Construction.

Bâtir, c’est au sens banal assembler et ajuster les différents morceaux de tout édifice ou réceptacle de proportions considérables. Ainsi nous avons la construction d’églises, la construction de maisons, la construction de navires et la construction de voitures. Qu’un édifice se dresse, que l’autre flotte, et qu’un troisième soit suspendu sur des ressorts, n’entraîne aucune distinction dans la nature de l’art, si on le peut ainsi appeler, de bâtir ou d’édifier. L’homme qui exerce cet art, est individuellement un constructeur religieux, naval ou porte tout autre nom que justifient ses travaux ; mais l’art de bâtir ne devient pas architecture du seul fait de la stabilité de ce qu’elle édifie ; ce n’est pas l'architecture qui élève une église ou qui la rend propre à recevoir et à contenir à l’aise un certain nombre d’individus assemblés pour les offices religieux, pas plus que ce n’est l’architecture qui rend une voiture confortable ou un navire rapide. Je ne veux naturellement pas dire que le mot ne soit pas souvent, ou même ne puisse pas être légitimement, appliqué dans ce sens (en parlant de constructions navales, par exemple) ; mais dans ce sens l'architecture cesse d’être un des beaux-arts. Il vaut donc mieux ne pas encourir, par une