Page:Ruskin - Les Lys du jardin de la reine.djvu/57

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« Ses pieds ont touché les prairies et y ont laissé les marguerites roses. »

94. Mais vous pensez que c’est là une rêverie d’amant, fausse et vaine ! — Et si elle pouvait être vraie ? Peut-être considérez-vous aussi ces vers comme une rêverie de poète :

« Même la légère clochette relève sa tête,
Seulement inclinée par ses pas aériens. »

Mais c’est dire peu d’une femme que dire qu’elle ne détruit pas, là où elle passe. Elle devrait faire revivre ; les clochettes devraient fleurir, non se courber comme elle passe. Vous pensez que je me précipite en de folles hyperboles. Pardonnez-moi ; pas le moins du monde. Je veux dire ce que je dis, en calme anglais, résolument et sincèrement. Vous avez entendu dire (et je crois qu’il y a plus que de l’imagination dans cette idée ; mais laissons-la passer pour une rêverie) que les fleurs ne fleurissent que dans le jardin de quelqu’un qui les aime. — Je sais qu’il vous plairait que ceci fut vrai. Ce serait, penseriez-vous, une délicieuse magie que de pouvoir rendre plus brillante la fraîcheur de vos fleurs, par un regard aimable tombé sur elles. Et si votre regard avait le pouvoir, non seulement de réjouir, mais de protéger, — si vous pouviez ordonner à la nielle noire de fuir et à la chenille annelée d’épargner, — si vous pouviez commander à la gelée de tomber durant la sécheresse, et dire au vent du sud lors de la gelée :