Page:Ruskin - Les Pierres de Venise.djvu/276

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À cette intéressante, mais modeste tombe d’un des rois de Venise, comparons celle qui fut élevée à la même date, à un sénateur, contre le mur ouest dei Frari. Elle porte la remarquable inscription suivante :


ANNO MCCCLX, PRIMA DIE JULII SEPULTURA,
DOMINI, SIMON. DANDOLO. AMADOR DE JUSTICIA,
E. DESIROSO, DE ACRESE, EL. BEN, CIIOMUN.


Cet « amador de justicia » fait peut-être allusion à ce que Dandolo fit partie de la Junte qui condamna le doge Falier. Le sarcophage a, pour toute décoration le groupe de l’Annonciation et une Madone assise sur un trône posé devant un rideau soutenu par quatre petits anges : ces figures sont supérieures à celles qu’on est habitué à rencontrer sur la plupart de ces tombes.


Sept ans plus tard, le beau monument du doge Marco Cornaro — dans le côté nord du chœur, à Saints-Jean-et-Paul — n’a plus de sculpture religieuse sur le sarcophage, uniquement décoré de roses ; de très belles statues de la Vierge et de deux saints figurent cependant sur le dais. En face de cette tombe est le plus riche monument de la période gothique à Venise, celui du doge Michel Morosini. Tous les plus beaux ornements de l’art gothique y sont rassemblés ; la statue couchée du doge est très noble ; son visage maigre et sévère est vigoureusement sculpté, mais la délicatesse de ses traits princiers est délicieusement reproduite. Le sarcophage est orné de feuillages très travaillés ; les sept statues de la façade qui devaient représenter les vertus cardinales et théologiques sont malheureusement brisées.


Nous avons remarqué que la tombe de Duccio, l’ambassadeur florentin, fut la première qui introduisit, à