relations, au moins par correspondance. L’estime
dont ils continueront à nous envoyer de temps à
autre le témoignage nous relèvera à nos propres
yeux et nous garderons leurs lettres comme un certificat et comme une curiosité. Et nous ne manquerons pas un jour de leur dédier un de nos livres, ce qui est bien le moins que l’on puisse faire pour des gens qui vous ont fait don… de la vérité. Et quant aux quelques recherches, aux courts travaux que nous serons obligés de faire dans la bibliothèque du couvent et qui seront les préliminaires indispensables de l’acte d’entrée en possession de la
vérité — de la vérité que pour plus de prudence et
pour qu’elle ne risque pas de nous échapper nous
prendrons en note — nous aurions mauvaise grâce
à nous plaindre des peines qu’ils pourront nous
donner : le calme et la fraîcheur du vieux couvent
sont si exquises, où les religieuses portent encore
le haut hennin aux ailes blanches qu’elles ont dans
le Roger Van der Weyden du parloir ; et, pendant
que nous travaillons, les carillons du XVIIe siècle
étourdissent si tendrement l’eau naïve du canal
qu’un peu de soleil pâle suffit à éblouir entre la
double rangée d’arbres dépouillés dès la fin de l’été
qui frôlent les miroirs accrochés aux maisons à
pignons des deux rives[1].
- ↑ Je n’ai pas besoin de dire qu’il serait inutile de chercher ce couvent près d’Utrecht et que tout ce morceau est de pure imagination. Il m’a pourtant été suggéré par les lignes suivantes de M. Léon Séché dans son ouvrage sur Sainte-Beuve : « Il (Sainte-Beuve) s’avisa un jour, pendant qu’il était à Liège, de prendre langue avec la petite église d’Utrecht. C’était un peu tard, mais Utrecht était bien loin de Paris et je ne sais pas si Volupté aurait suffi à lui ouvrir à deux battants les archives d’Amersfoort. J’en doute un peu, car même après les