Page:Ruskin et la religion de la beauté.djvu/157

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contre l’hypocrisie, — c’est-à-dire de l’amour. Ce n’est pas le produit d’un cœur qui ne bal points mais d’un cœur qui bat trop vite.

Le paradoxe même n’est chez lui qu’un moyen de varier ses effets et qu’une autre forme de la passion. Toujours il nous mène à la charité. On doit prendre pour devise de la vie la plus noble, affirme Ruskin, le mot : « Buvons et mangeons, car demain nous mourrons ! » Paradoxe, dites-vous. Non, écoutez la suite : « … mais buvons et mangeons tous, et non quelques-uns seulement, enjoignant aux autres la sobriété. » — « Vous devez faire de la toilette, beaucoup de toilette, dit-il aux femmes, vous n’en faites pas assez, vous ne suivez pas assez la mode… pour les pauvres. Faites qu’ils soient beaux, et vous-mêmes alors vous paraîtrez belles, en un certain sens que vous n’imaginez pas, plus belles que jamais ! » Et il développe sa pensée avec une ironie à ce point tendue qu’elle en serait insupportable si, comme ces épées pointues des légendes qui se mettent à fleurir, ses sarcasmes acérés ne se résolvaient en un chant d’amour :


Laissez donc les arceaux et les colonnes des églises, mesdemoiselles, c’est vous que Dieu aime à voir ornées, non elles. Gardez vos roses pour vos cheveux, vos broderies pour vos vêtements. Vous êtes vous-mêmes l’église, mes enfants ; veillez à ce que vous soyez enfin