Page:Ruskin et la religion de la beauté.djvu/163

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C’est alors qu’on a vraiment Ruskin. À ce moment l’on possède, de son esprit, les fruits non les plus éclatants, mais les plus mûrs : des images qui s’évident jusqu’à l’idée, des idées qui éclosent en images, des rêveries qui tournent en polémiques, des analyses qui s’achèvent en actions de grâces, de l’antithèse juste assez pour éclaircir, de l’érudition juste assez pour lester, trop de poésie pour traîner à terre, trop de science pour perdre pied, et enfin, pour ne pas être tout à fait dupe de son cœur, un peu d’humour, mais, pour ne pas être du tout dupe de son esprit, beaucoup d’amour.

Telle est, si nous avons la curiosité de lire encore quelque chose de lui, sa Lettre aux jeunes filles sur la façon dont elles doivent pratiquer la charité :

Si vous pouvez vous les payer, achetez des robes faites par une bonne faiseuse avec la précision et la perfection les plus absolues possible, mais que cette bonne faiseuse soit une personne pauvre et non une personne riche vivant dans une belle maison à Londres.

Employez une partie de chaque journée à un sérieux travail d’aiguille, en faisant des vêtements aussi jolis que vous pourrez pour les pauvres qui n’ont ni assez de temps ni assez de goût pour se les faire adroitement.

Ne recherchez jamais les divertissements, mais soyez toujours prêtes à être diverties. La plus petite chose contient en elle de quoi jouir, le moindre mot a de l’esprit lorsque vos mains sont occupées et que votre cœur est libre. Mais si vous faites de l’amusement le but