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Page:Ruskin et la religion de la beauté.djvu/181

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clarté, avec les Arrangements en noir du célèbre artiste américain. Quand on lit une page du Maître, on croit saisir sa pensée ; quand on en lit dix, on hésite ; quand on en lit vingt, on renonce. Toutes les subtilités, tous les ondoiements, toutes les circonvolutions de ses divers systèmes esthétiques, religieux et sociaux, en font un enchanteur impondérable, insaisissable, qui, si on le veut enserrer dans une formule logique, se dérobe en fumée, comme ce génie des Mille et une Nuits, et il semble qu’on est devant un amas de petites choses diverses et précieuses, miroitantes et attirantes, mais changeantes et fuyantes comme des flammes, et comme des flots....

Et pourtant, le fleuve, qui coule sous nos yeux, ressemble bien au fleuve qui coulait au même endroit et que nous appelions du même nom quand un aïeul, nous tenant par la main, nous le fit voir pour la première fois ! Cette flamme qui sursaute et peuple de figures étranges le grand hall de la vieille maison familiale rappelle bien, dans son aspect général, la flamme qui réchauffa nos doigts d’enfant et nous fit faire tant de beaux rêves envolés aujourd’hui par la