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Page:Ruskin et la religion de la beauté.djvu/193

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cas, réduites à de pures apparences ! Des apparences, soit. Et croyez-vous qu’elles perdront, parce que vous les aurez affublées de ce nom, tout leur pouvoir sur l’homme et sur la vie ? Croyez-vous que ce ne soit pas à des apparences que nous devions le plus de résolutions, ou le plus de faiblesse, et partant le plus de misère ou le plus de bonheur ? aux apparences de la gloire ? aux apparences de l’amour ? Croyez-vous que ce ne soit pas aux apparences de l’héroïsme des anciens que nous devions nos véritables héros modernes, ni aux apparences de l’oasis, au mirage, que nous devions le plus de réconfort pour continuer notre route vers la réalité ? Les légendes sont-elles vraies et, si elles ne le sont pas, ont-elles exercé sur les faits mômes de la vie moins d’influence que l’Histoire ? Les religions sont-elles prouvées, — et n’est-ce pas aux apparences du ciel que nous devons la plupart des choses qui ont transformé la terre ? Direz-vous qu’il est inutile dans la vie que le soleil brille pourvu qu’il nous éclaire, et que les fleurs s’harmonisent pourvu qu’elles nous guérissent ? Ou ne direz-vous pas plutôt que les rapports de ces choses à l’homme, de ces notions à notre intelligence et de ces apparences à nos actes et à nos sentiments, que toutes ces trames imperceptibles et puissantes,