Page:Ruskin et la religion de la beauté.djvu/210

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ceau de ravin ou un coin de vallée que ses habitants ne puissent distinguer de tout autre. Il n’y a pas d’autre pays où les racines de la mémoire soient à ce point associées avec la beauté de la nature au lieu de l’être avec l’orgueil des hommes. » Et alors on se demandera s’il ne faut pas que cette beauté soit la grande préoccupation du patriote, comme elle a été sa grande éducatrice. Car peu importe ce qu’on fait pour perpétuer l’idée de patrie, si l’on ne perpétue pas la figure aimée de la patrie. Ce n’est pas en semant des statues qu’on récolte des hommes. C’est en respectant les pierres non taillées du sol natal, et « une nation n’est digne du sol et des paysages qu’elle a hérités, que lorsque par tous ses actes et ses arts elle les rend plus beaux encore pour ses enfants ! »


§ 3.


Enfin, si après avoir étudié partout les effets de la Nature et de la Beauté sur l’âme humaine, on s’élève jusqu’à la question des causes de cette Nature et de cette Beauté, là encore devra intervenir l’enquête esthétique. Et rien sur les grands problèmes qui touchent l’âme ne pourra être décidé sans que cette science, dont le domaine est une partie de l’âme, soit consultée, rien sans que cet instinct supérieur l’ait sondé ou jaugé. Il sera