Page:Ruskin et la religion de la beauté.djvu/345

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le forgera. Certaines choses seront faites moins vite, mais elles seront mieux faites. On n’achètera plus son beurre à des gens qu’on n’a jamais vus, et qui vous l’expédient de trois à quatre cents kilomètres. L’acheteur connaîtra son vendeur, et ils se donneront une poignée de main. Peut-être qu’aussi, en supprimant l’intermédiaire, le middleman, ils feront, tous deux, une meilleure affaire.... Sur les routes passeront des voyageurs plus lents qu’aujourd’hui, mais plus attentifs. Ils porteront au loin les nouvelles embellies par leur imagination. Elles ne seront pas beaucoup plus fausses que celles que donnent les journaux.... En voyant cheminer un homme, dès un quart de mille, on connaîtra sa condition sociale, car les gens de chaque caste et de chaque métier auront leur costume particulier qu’ils pourront tailler et ajuster dans la perfection, mais non intervertir. Le vitrier aura le sien et aussi la marchande des quatre saisons. On ne sera plus exposé à prendre un sénateur pour un perruquier, ni un premier ministre pour son dernier commis. Il faudra que chacun tienne son costume aussi propre que font les horseguards ou les laitières de la Reine. Mais ce n’est qu’aux jours de fête qu’on sortira des armoires des vêtements splendides et héréditaires. Les femmes porteront, pour bijoux, de simples gemmes non taillées. Les paysans