Page:Ruskin et la religion de la beauté.djvu/42

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En effet, si le malheureux esthéticien, par un beau soir d’été, veut ressaisir les impressions de son enfance et s’achemine vers le coteau de Herne Hill où il a autrefois rêvé ses premiers rêves, il ne reconnaît plus rien autour de lui.

La vue qu’on avait du sommet et des deux côtés était, avant que vinssent les chemins de fer, entièrement belle. À l’ouest et le soir presque sublime. On ne voyait pas la Tamise ni des champs, excepté ceux qui se trouvaient immédiatement au-dessous, mais les sommets de vingt milles carrés de bosquets. De l’autre côté, à l’est et au sud, les coteaux de Norwood, en partie abrupts avec des genêts, en partie boisés de bouleaux et de chênes, en partie de taillis verts et de pâturages en pente raide, avec toutes les promesses de toute la beauté rurale du Surrey et du Kent et avec tant d’espace et de hauteur dans leurs ondulations qu’ils faisaient se souvenir des montagnes des vrais districts montagneux. Souvenir aujourd’hui irrécouvrable, car le Palais de Cristal, sans atteindre lui-même aucun véritable aspect de grandeur, non plus qu’une serre à concombres entre deux cheminées, rapetisse cependant par sa masse stupide les collines, de telle sorte qu’on ne pense pas plus à elles qu’à trois longs morceaux d’argile pour bâtir.

S’il veut resuivre le calme sentier où il a composé ses Modem Painters, sentier bordant un champ où paissaient des vaches, si chaud que les invalides y cherchaient un refuge même en mars, lorsque toute autre promenade eût été la mort pour eux, — il ne trouve plus qu’une rue :