Page:Ruskin et la religion de la beauté.djvu/47

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quatre ans, de 1854 à 1858, à côté de Rossetti qui enseigne la figure, il s’astreint à guider des mains inhabiles dans l’esquisse du paysage et de l’ornement décoratif et à réchauffer des zèles attiédis. En 1876, de ses deniers et des deniers de ses amis, il établit près de Sheffield — la cité ouvrière par excellence, la ville du fer — un musée rempli d’œuvres délicates et curieusement choisies, entre autres d’un tableau de Verrocchio, qui fut aussi un travailleur du fer. C’était aux environs de la ville industrielle, dans un cottage situé parmi les champs verts, sur une colline. Des fenêtres, on découvrait la vallée du Don avec les bois des Wharncliffe Crags, et le regard passait ainsi des missels enluminés du xiiie et du xive siècle, aux lointains brillants sous l’or du soleil, des vitrines étoilées d’onyx, de cristaux divers, d’améthystes, révélant les couleurs qui embellissent la terre, aux planches coloriées montrant les oiseaux de tous les pays qui animent l’air. Sur les murs, des tableaux évoquant les plus belles architectures du monde entier, entre autres le Saint-Marc de Venise, transportaient les visiteurs dans un pays idéal et leur faisaient un instant oublier les façades mornes et les cheminées fumantes de Sheffield. Plus tard, le musée fut transporté dans la ville même, et l’on voit aujourd’hui, au Meersbrook Park, dans une