Page:Ruskin et la religion de la beauté.djvu/67

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« parce qu’elle est toujours gaie » ; cette autre enfin « parce que la Reine l’aime bien ». Et il est particulièrement piquant, dit un témoin, de voir le sourire de reconnaissance de la Reine, lorsqu’une amie préférée passe et lui baise les mains en recevant son livre. Le matin, des chants, à la chapelle, ont précédé par des hommages au roi de l’Éternité ces hommages à une reine d’un jour. Et le soir, si celle qui a reçu en prix le Ruskin Birthday Book l’ouvre à la page du 1er mai, elle n’y trouvera pas, comme dans les journaux socialistes qu’on crie au même moment dans les rues, des nouvelles de la grève universelle, des récriminations contre la loi du travail de chaque jour, mais ces mots du Maître : « Si l’on fait résolument ce qui est le devoir, avec le temps on en vient à l’aimer ».

Sans doute c’est bien peu de chose que cette petite protestation dans un pensionnat perdu dans Londres, contre l’unanime indifférence et l’universelle laideur. Mais les élèves de ce pensionnat sont destinées à l’enseignement ; plus d’une a déjà institué, dans son école de village, la fête esthétique de Ruskin. Les fleurs de la couronne sont fanées : les semences de l’idée germent encore dix années après, au loin, jusqu’en Irlande. Et aujourd’hui, lorsque revient le 1er mai, le tableau qui se présente à toutes ces imaginations n’est pas celui