Page:Ruskin et la religion de la beauté.djvu/77

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disparaît avec le reste. Mais tant qu’il n’a pas tout donné, il ne croit pas avoir assez fait encore, ni payé sa « rançon ». La terrible franchise qui, chez lui, prend toute liberté s’exhale en termes très vifs : « Je suis là, essayant de réformer le monde, dit-il un jour à un de ses amis dans son appartement d’Oxford, et cependant je devrais commencer par moi-même. J’essaie de faire l’œuvre d’un saint Benoît, mais il faudrait que je fusse un saint. Et cependant je suis là à vivre entre un tapis de Turquie et un Titien et à boire autant de thé — là-dessus il en prit une seconde tasse — que je puis en avaler ! »

C’est justement ce dont nous nous apercevons, lui a écrit une fois une dame de ses disciples. J’adhérerai à la compagnie de Saint-Georges quand vous y adhérerez vous-même. Par-dessus tout, vous nous recommandez de remplir nos devoirs envers notre terre natale , envers notre province, nos champs et d’y vivre, en les cultivant. Or, pardonnez mon indiscrétion, mais où sont votre maison et votre jardin ? Je sais que vous avez acheté des demeures, mais vous n’y demeurez pas. Presque chaque mois, vous datez vos lettres d’un endroit nouveau — qui est un rêve de délices pour nous, — tandis que nous autres, nous restons attachés à la maison, veillant sur les vies qui nous sont confiées.